S’il est vrai qu’il n’est pas question –loin s’en faut- de réinventer le journalisme, l’actualité impose aux médias de relater les activités politiques du chef de l’Etat et justifie, donc, que les premiers responsables du pays, d’une manière générale, bénéficient d’une présence dans les colonnes des journaux, sur les ondes des radios, dans les écrans de télévisions et des ordinateurs (pour la presse en ligne). Mais cela doit se faire en veillant au respect d’un certain équilibre qui favorise le pluralisme. Comprenez: ne pas oublier que l’opposition a, quasi équitablement, aussi droit au chapitre.
Mardi 13 décembre 2011. Fraîchement élu à la tête de l’Etat, Mohamed Moncef Marzouki, prête serment devant les élus de la Constituante. Il donne, mercredi 14 décembre, une longue interview à la première chaîne de la télévision publique, Al watanya 1.
Il se déplace le même jour à Bizerte où il se rend au foyer du martyr Ahmed Ouerghi et rencontre Ali Ben Salem, président de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme. Il s’arrête sur le chemin du retour, à La Manouba, où il visite la famille du martyr Sahnoun Hammadi Jawhari.
Jeudi 15 décembre, il reçoit, au Palais de Carthage, Abdessalem Jerad, secrétaire général de l’UGTT (Union Générale Tunisienne du Travail) et Wided Bouchamaoui, présidente de l’UTICA (Union Tunisienne de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat).
Un message pour le pays et ses partenaires
Vendredi 16 décembre, il prononce une allocution devant les participants au premier Congrès du conseil national syrien (opposition). Le même jour, M. Marzouki prononce une allocution lors d’une cérémonie officielle organisée à l’occasion de son investiture au poste de président de la République.
Samedi 17 décembre, il assiste, à Sidi Bouzid, aux festivités marquant le 1er anniversaire du 17 décembre 2010, date du déclenchement de la Révolution lorsque le martyr Mohamed Bouazizi s’immole par le feu.
Inutile d’aller plus loin. Les Tunisiens ont suivi et continuent à suivre, pratiquement tous les jours, les nombreuses activités du nouveau chef de l’Etat tunisien dans tous les médias. Quoi de plus normal pourrai-t-on dire: les médias ne doivent-ils pas relater les faits et gestes et autres déclarations d’un chef d’Etat?
L’opposition a, quasi équitablement, aussi droit au chapitre
De plus, les compte rendus des activités du président de la République sont, au cours de cette période de transition, combien difficile à tous les niveaux, autant de messages pour le pays et les partenaires étrangers de la Tunisie que les médias, qui remplissent une fonction de service public, relayent. En somme, l’occasion de montrer que le pays se remet au travail et est engagé dans une nouvelle dynamique.
Certes, mais cette réalité ne doit pas nous faire oublier une autre: il y a toujours danger quand les médias focalisent un peu trop leur intérêt sur l’exécutif, notamment lorsque cela se fait aux dépens de l’opposition et donc de la pluralité des opinions.
Il ne s’agit évidement pas de «réinventer le journalisme». Point d’«égalitarisme» à ce niveau. Ceux qui viendraient à le réclamer ne comprennent rien à l’actualité qui impose aux médias de relater les activités politiques du chef de l’Etat (ce qu’on appelle dans l’audiovisuel «Le temps de parole présidentiel») et justifie, donc, que les premiers responsables du pays, d’une manière générale, bénéficient d’une présence dans les colonnes des journaux, sur les ondes des radios, dans les écrans de télévisions et des ordinateurs (pour la presse en ligne).
Mais cela doit se faire –insistons sur ce fait- en veillant au respect d’un certain équilibre qui favorise le pluralisme. Comprenez: ne pas oublier que l’opposition a, quasi équitablement, aussi droit au chapitre.
Pour ce faire, les médias n’ont pas, encore une fois, à «réinventer le journalisme». La pratique professionnelle relayée par une littérature nombreuse et variée de récits qui remplissent les rayons médias des bibliothèques et des librairies montrent la voie à suivre en matière de recherche constante de ce nécessaire équilibre. Le moyen le plus connu est sans doute de solliciter constamment des réactions des opposants aux décisions prises et propos tenus par les gouvernants.