Les années, comme les hommes, ne se ressemblent pas. Il y en a qui passent sans laisser de traces, d’autres nous marquent à vie, si bonnes ou mauvaises qu’elles aient été.
L’Histoire universelle a retenu, elle, beaucoup de dates dont le souvenir nous fait sourire ou nous effraie. Pour revenir au 20ème siècle, et juste à titre d’exemple, 1914 a vu la grande Première Guerre mondiale, puis, en 1917, la révolution russe, ensuite la crise de 1929 et, en 1938 le début de la Seconde Guerre mondiale; côté arabe, c’est 1973 surtout qui est restée dans toutes les mémoires avec la guerre israélo-arabe.
La Tunisie a retenu également certaines dates qui l’ont marquée: 1881, signature du protocole de protectorat de la France sur la Tunisie; 1956, année de l’Indépendance; 1987, date du malheureux changement auquel nous avons beaucoup cru pour déchanter vite au bout des cinq premières années …
Dans le monde, le 21ème siècle est arrivé avec fracas: 2001, l’effondrement des deux tours World Trade Center, et, en 2006, l’exécution de Saddam Hussein.
En Tunisie, rien ne laissait prévoir, en ce jour de l’an 2011, que quelque chose de radical et de décisif opérerait un véritable changement, le plus beau celui-ci. Contre toute attente, ce qui n’était, les premiers jours, qu’une révolte populaire, allait se transformer en révolution dont l’acuité et la complexité avaient fini par éjecter vers l’étranger l’homme du 7 novembre. Déjà, avec la Révolution tunisienne, 2011 est entrée dans notre Histoire pour ensuite s’inscrire dans l’Histoire d’autres pays, principalement l’Egypte avec la chute de Hosni Moubarek, et la mort tragique de Mouammar Kadafi, sans oublier le Yémen qui lutte encore contre son président, et la Syrie dont la tragédie, à ce jour, n’a connu ni issue ni répit.
Et nous voilà en 2012. Il y a seulement 48 heures, nous nous la souhaitions bonne cette nouvelle année qui arrive. Il est certainement difficile de dire comment elle sera pour les Tunisiens et ce qu’elle leur réservera. Mais «bonne», ça veut dire quoi? 2011 a été effectivement bonne dans la mesure où le pays s’est débarrassé de son dictateur. Mais qu’espérons-nous pour 2012?
En principe, il n’y a que trois priorités: la relance économique qui exige de mettre immédiatement un terme à toutes sortes de grèves, de sit-in et de revendication salariales ou autres, avec un retour sérieux au travail; le chômage qui appelle à la création du maximum possible d’emploi; et le développement régional sans lequel nous risquerions de voir éclater une deuxième révolution dont nous n’avons plus besoin aujourd’hui.
Trois priorités et autant de défis dont sont tout à fait conscients les pouvoirs publics actuels. Sans démagogie aucune, nous pensons que si l’Etat parvient à relever ces défis, et si nous, Tunisiens, comprenons que notre seule planche de salut est le travail et l’abnégation, 2012 sera, à n’en pas douter, bonne. Le cas contraire –qu’à Dieu ne plaise!–, nous risquons de saborder nous-mêmes une révolution chèrement payée par nos martyrs.