Soldes de crise dans une Espagne menacée de récession

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à Madrid. (Photo : Dominique Faget)

[03/01/2012 12:16:25] MADRID (AFP) Par dizaines, les acheteurs fébriles se pressent dans une enseigne de vêtements madrilène qui affiche déjà des rabais de 50% au premier jour des soldes, une aubaine pour les commerçants comme pour les clients dans une Espagne soumise à la rigueur et menacée de récession.

“C’est difficile de résister, vous pouvez acheter beaucoup plus de vêtements avec la même somme si vous attendez après Noël”, admet Carmen Quijada, une étudiante de 21 ans tombée en arrêt devant une pile de pull-overs en acrylique colorés, étiquetés 9,99 euros.

Pour les commerçants, cette période qui pèse pour 20% des ventes de vêtements annuelles est l’occasion d’éliminer des stocks d’invendus et de compenser une activité qui tourne au ralenti le reste de l’année.

Et dans un pays où le chômage atteint plus de 21,5%, les acheteurs sont de plus en plus nombreux à attendre les soldes, dont le coup d’envoi était donné lundi à Madrid pour trois mois.

Après trois ans et demi d’une crise qui frappe durement les porte-monnaie, cette tendance devrait s’accentuer: les trois quarts des Espagnols prévoient de dépenser plus que l’an dernier durant les soldes de ce début d’année, selon une enquête menée auprès de 2.000 personnes par la Fédération des consommateurs indépendants.

Chaque client s’apprête à dépenser 90 euros en moyenne, soit 5,8% de plus qu’en 2011, un chiffre pour la première fois en hausse depuis le début de la crise en 2008.

“Les habitudes de consommation changent. Ces dernières années, avec la crise, les gens attendent les soldes. Ils ne dépensent pas pour Noël pour pouvoir acheter pendant les soldes”, explique le directeur de l’association des entreprises du commerce de textile (Acotex), Eduardo Vega.

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à Madrid. (Photo : Dominique Faget)

Sur la Gran Via, la grande avenue commerçante du centre de Madrid où les acheteurs chargés de sacs en plastique se bousculent sur les trottoirs, des pancartes placardées dans les vitrines des grandes chaînes de vêtements annoncent des prix cassés de 50%.

“J’achète toujours quelque chose pendant cette période. Il y a beaucoup de choses que je n’achèterais pas si elles n’étaient pas soldées”, confie Adrian Lopez, un chômeur de 24 ans en quête de bonnes affaires dans la rue Fuencarral, l’une des plus commerçantes de la capitale.

“Il y a plus d’articles vendus à moitié prix cette année et davantage d’articles soldés”, explique Raul, un vendeur de 21 ans occupé à plier des chemises dans un magasin H&M de la Gran Via.

L’engouement est tel que l’association de consommateurs Asgeco a lancé une mise en garde aux acheteurs pour qu’ils évitent les pièges, les appelant à “limiter leurs achats aux produits réellement nécessaires”, à “faire un inventaire de leurs placards afin de dresser une liste de leurs besoins et à se fixer un budget maximum”, ou encore à “ne pas céder à la précipitation”.

Avant Noël déjà, les magasins avaient commencé à offrir des remises de 20 à 30%, annonciatrices de rabais monstres.

La première semaine de janvier coïncide en outre avec les vacances scolaires en Espagne où, plus qu’à Noël, ce sont traditionnellement les Rois Mages qui apportent les cadeaux pour l’Epiphanie, le 6 janvier.

“Les ventes ont été mauvaises tout au long de l’année et c’est une façon de leur donner un coup de pouce”, ajoute Eduardo Vega.

En 2011, les commerçants ont été parmi les premières victimes de la crise en Espagne, plus de 37.000 petites ou moyennes enseignes ayant fermé, selon la Fédération espagnole du commerce.

Sur l’année écoulée, l’Acotex prévoit un recul des ventes de 1%, pour la quatrième année consécutive. Et en ce début 2012, les mesures de rigueur annoncées par le nouveau gouvernement conservateur pour juguler le déficit pourraient peser davantage sur la consommation.