ée nationale, à Paris, le 8 novembre 2011 (Photo : Martin Bureau) |
[03/01/2012 17:08:15] PARIS (AFP) L’annonce surprise mardi par le gouvernement, deux semaines avant le sommet social, de la mise en place rapide d’une TVA sociale, a rencontré l’opposition de la CGT, de la CFDT et de FO alors que le syndicat des cadres, CFE-CGC, y est favorable tout en jugeant le calendrier irréaliste.
La ministre du Budget, Valérie Pécresse, a annoncé mardi que la TVA sociale se ferait “avant l’élection présidentielle” pour “créer de l’emploi en France” et éviter que des produits importés soient vendus à “bas coûts”.
La mesure est rejetée par les centrales syndicales comme inéquitable: “augmenter le plus injuste des impôts va porter atteinte au pouvoir d’achat des Français et des salariés et donc à la consommation”. Cela va “réduire la croissance” et “amplifier la crise”, dénonce Eric Aubin, secrétaire confédéral de la CGT.
La CFDT non plus “n’est pas favorable à la TVA sociale”, souligne Marcel Grignard, numéro deux de la centrale, pour qui la mesure frappe “les salariés les plus modestes”. Il rappelle que “le poids de la TVA” dans la consommation “n’est pas uniforme” et qu’il pèse davantage sur les plus démunis.
Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrière, dénonce une mesure “peu réaliste et même dangereuse”. “Ce n’est pas avec un ou deux points de TVA qu’on va concurrencer les produits chinois”.
Autre déconvenue, la mesure “fragilise” la protection sociale, selon la CGT. Dans un contexte de finances publiques très dégradées, “il y a de fortes chances que demain une partie de cet impôt soit récupérée pour combler la dette de l’Etat”, prévient M. Aubin.
La CFDT se dit ouverte à un débat qui porterait sur “le transfert de certaines charges sociales sur la CSG”. La CSG “permet d’élargir l’assiette de la contribution” notamment aux “revenus financiers”, ce qui pourrait “améliorer le financement des protections sociales”, estime M. Grignard.
Dans ce concert de critiques, seul le président de la CFE-CGC, Bernard Van Craeynest, se dit favorable à la TVA sociale qu’il réclame “depuis plus de cinq ans” pour “redonner de la compétitivité à nos entreprises et du souffle à notre économie”.
Toutefois, relève-t-il, “la mise en place” de cette réforme “dans les trois mois qui viennent n’est pas très réaliste. Ca va être difficile de rattraper le temps perdu”.
Le calendrier de la réforme, à quatre mois de la présidentielle, suscite la réserve : “Ce que je déplore c’est que cela paraisse un peu comme un pavé jeté dans la mare en pleine campagne présidentielle”, relève M. Van Craeynest.
“Le débat politique, d’une manière générale, instrumentalise la question sociale dans un profit électoraliste”, souligne de son côté le responsable de la CFDT.
La TVA sociale devrait figurer à l’ordre du jour du sommet social du 18 janvier. La CGT n’a guère d’illusion: “ils n’ont pas l’habitude d’entendre les organisations syndicales et on s’attend à ce que ce soit malheureusement encore le cas au sommet social”, souligne M. Aubin.