Voyager en avion n’a jamais été aussi sûr qu’en 2011

photo_1325611558359-1-1.jpg
Un avion de ligne survole le Mexique. (Photo : Luis Acosta)

[03/01/2012 17:28:32] PARIS (AFP) Malgré un nombre de passagers toujours plus élevé, le transport aérien n’a jamais été aussi sûr dans le monde, avec un taux d’accident en 2011 qui s’avère le plus faible depuis plus d’un demi-siècle.

Plus de 2,8 milliards de voyageurs ont pris l’avion l’an passé et, sur un total de 38 millions de vols, 25 catastrophes ont été dénombrées dans lesquelles 497 passagers et membres d’équipages sont morts, selon un bilan du cabinet britannique Ascend publié mardi.

En 2010, 28 accidents mortels, qui avaient fait 828 victimes, avaient été recensés par le même cabinet.

Avec un ratio d’un seul accident pour 1,52 million de vols, “2011 est l’année la plus sûre” depuis que les statistiques du transport aérien ont commencé après la Seconde guerre mondiale, a déclaré à l’AFP Paul Hayes, directeur d’Ascend.

“La majorité des accidents mortels a concerné de petits opérateurs locaux peu connus en dehors de la région qu’ils desservent”, souligne également l’expert.

Ainsi, 83 personnes, dont 79 passagers, sont mortes le 8 juillet dans l’accident d’un Boeing 727-100 de Hewa Bora Airways, compagnie privée congolaise qui transportait 118 personnes, à Kisangani (République démocratique du Congo).

Selon M. Hayes, “les opérations aériennes sont deux fois plus sûres qu’elles ne l’étaient il y a quinze ans”.

L’Australie, les Etats-Unis et l’Europe de l’Ouest sont incontestablement les régions les plus sûres, l’Afrique, l’Amérique Latine et les pays de l’ancienne URSS les moins sûrs. Pour autant, la sécurité aérienne s’améliore partout dans le monde au fil des décennies.

Il faut dire que “la sécurité est la priorité numéro 1 du transport aérien”, rappelle un porte-parole de l’Association internationale de l’aviation civile (IATA), représentant 84% du trafic mondial.

Automatisation de plus en plus sophistiquée

“L’objectif est le zéro accident même si on aura du mal à l’atteindre”, renchérit Olivier Fainsilber, spécialiste de l’aviation au cabinet Oliver Wyman. Il souligne que la sécurité aérienne passe par le niveau de compétence “extrêmement élevé chez les pilotes, les contrôleurs aériens et les mécaniciens”.

De son côté, Didier Bréchemier, spécialiste au cabinet Roland Berger, estime que ces statistiques résultent d’une amélioration de l’ensemble de la chaîne liée à l’information entre l’avion, le pilote et le sol, que l’on peut encore affiner.

“A l’origine, dit-il, le système d’amélioration continue (…) ne concernait que les opérations en vols, ensuite il a été élargi à la maintenance avant de concerner les opérations au sol”.

photo_1325611638512-1-1.jpg
éroport de Roissy, près de Paris, en 2010 (Photo : Bertrand Langlois)

Les experts mettent également en avant les avancées technologiques avec l’automatisation de plus en plus sophistiquée des appareils, à l’instar du système TCAS (Traffic Collision Avoidance System) pour éviter les collisions.

Revers de la médaille: trop d’automatisme peut compromettre l’agilité des pilotes et donc la sécurité des vols, ceux-ci étant moins entraînés à des situations susceptibles d’être corrigées directement par la machine.

L’IATA souligne que les sorties de pistes constituent les accidents les plus fréquents. Aussi les constructeurs développent-ils des systèmes pour alerter les pilotes d’une approche instable avant l’atterrissage.

“La consolidation des compagnies aériennes, avec les grosses qui rachètent les plus petites, peut aussi permettre à des pays qui sont moins matures –en Afrique par exemple– d’améliorer le retour d’expérience”, ajoute M. Bréchemier.

Malgré ces statistiques, l’aérien alimente toujours les fantasmes. “Il y a un décalage infondé entre la psychose vis-à-vis du transport aérien et la réalité statistique”, conclut Olivier Fainsilber.

Probablement parce que lorsqu’un accident survient, il est fortement médiatisé, note-t-il.