Banque nationale suisse : un employé de la banque Sarasin à l’origine de la fuite

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érence le 29 septembre 2011 (Photo : Fabrice Coffrini)

[03/01/2012 22:39:50] GENEVE (AFP) Un employé du service informatique de la banque privée suisse Sarasin a “transmis illégalement à une personne tierce des données bancaires” concernant le président de la Banque nationale suisse Philipp Hildebrand, a annoncé Sarasin mardi dans un communiqué.

Ces données concernent “des transactions sur devises effectuées par la famille de M. Philipp Hildebrand, président de la Banque nationale suisse. L’employé a avoué sa conduite criminelle à la banque ce jour” (mardi), a ajouté la banque dans son communiqué.

L’homme a encore indiqué avoir révélé le contenu des documents à un “avocat proche de l’UDC, (parti politique suisse, droite populiste)”. Cet avocat a ensuite arrangé une rencontre avec le leader de l’UDC Christoph Blocher le 11 novembre dernier, explique la banque.

Selon la presse suisse, qui a dévoilé des détails sur cette affaire le weekend dernier, M. Blocher a contacté à la mi-décembre la présidente de la Confédération Micheline Calmy-Rey pour lui montrer ces documents, faisant état d’achats de 500.000 dollars par l’épouse de M. Hildebrand à la mi-août, au moment où le franc suisse était le plus fort face au dollar et à l’euro.

Trois semaines plus tard, la Banque nationale suisse a décidé de fixer un taux plancher du franc suisse par rapport aux devises étrangères, afin de faire baisser son cours.

Un contrôle réalisé en décembre juste avant Noël a disculpé M. Hildebrand de toute transaction illégale. M. Blocher ne s’est pas exprimé publiquement sur cette affaire.

L’employé de la banque Sarasin s’est présenté spontanément à la police cantonale de Zurich le 1er janvier, a encore indiqué la banque, en ajoutant qu’il avait été licencié avec effet immédiat mardi.

La banque a par ailleurs précisé avoir informé le président de la banque nationale, ainsi que les autorités suisses de surveillance des marchés financiers (Finma), et se réserve la possibilité d’engager des poursuites judiciaires.

M. Hildebrand a été informé de cette affaire par la banque Sarasin qui, dans son communiqué, dit “regretter infiniment” cet incident, en présentant ses excuses à son client pour le préjudice causé par cette affaire sur le plan de la confidentialité des données.

La banque suisse condamne également ce qu’elle qualifie “de détournement de données confidentielles dans un but politique”. M. Blocher a en effet critiqué plusieurs fois la BNS et son président.

Le gouvernement suisse, après avoir été informé par M. Blocher en décembre dernier de ces transactions sur devises présumées illégales, avait demandé une enquête.

Les responsables du Contrôle fédéral des finances ont été chargés d’examiner tous les comptes bancaires de M. Hildebrand et des membres de sa famille.

Cette enquête a montré que le président de la BNS n’a pas bénéficié illicitement et personnellement de l’introduction en septembre du taux plancher face à l’euro et qu’aucune transaction illicite n’a été opérée, avait indiqué le 23 décembre dernier la BNS dans un communiqué.

Une enquête parallèle avait également été menée à la demande du Conseil de banque, l’instance de contrôle de la BNS, arrivant aux mêmes conclusions.