Un ferry de SeaFrance dans le port de Calais, le 2 janvier 2012 (Photo : Philippe Huguen) |
[04/01/2012 17:26:40] LILLE (AFP) Les porteurs du projet de coopérative ouvrière (Scop ) pour SeaFrance ont renvoyé mercredi la balle dans le camp du président Nicolas Sarkozy, jugeant que sa proposition de racheter la compagnie de ferries en Manche avec des indemnités de licenciement n’était “pas faisable”.
La solution esquissée lundi par le président de la République “ne peut être envisagée en raison de l’insécurité juridique qu’elle engendre”, écrivent les leaders de la CFDT, qui portent ce projet, dans une lettre ouverte recensant toute une série d’obstacles juridiques, commerciaux et techniques.
“On ne refuse pas l’offre de Sarkozy, on le remercie même, mais on dit que ce n’est techniquement pas faisable”, a expliqué à l’AFP Didier Cappelle, l’un des porteurs de la Société coopérative et participative (Scop).
“Le président de la République nous a dit qu’il voulait absolument sauver SeaFrance”, a-t-il poursuivi. “Etant donné que ce qu’il a proposé n’est pas possible, on lui demande de faire une table ronde pour qu’il puisse sauver les emplois”.
“Le temps presse, il est urgent de réunir tout le monde pour trouver une vraie solution”, a-t-il ajouté.
és de SeaFrance manifestent devant le tribunal de Commerce de Paris, le 3 janvier 2012 (Photo : Joel Saget) |
Le tribunal de commerce de Paris a donné aux porteurs du projet de coopérative ouvrière jusqu’à lundi pour fignoler son montage financier – alors que 50 millions d’euros sont nécessaires pour financer la Scop – mais le dossier doit être déposé ce vendredi avant 18H00.
Nicolas Sarkozy a demandé lundi à la SNCF d’apporter son aide au projet de Scop par le versement d’indemnités exceptionnelles aux salariés –qui pourraient s’élever à 50 ou 60.000 euros chacun– pour leur permettre de les réinjecter dans la coopérative.
Il a par ailleurs proposé que la SNCF rachète les bateaux afin de les relouer par la suite pour une somme modique à la Scop, seule offre en lice pour reprendre cette compagnie qui emploie 880 personnes en CDI à Calais (Pas-de-Calais) et qui génère au moins autant d’emplois indirects.
En préalable à ces mesures, immédiatement qualifiées d'”abracadabrantesques” par l’avocat des salariés, le président Sarkozy jugeait toutefois “inéluctable” la liquidation définitive de SeaFrance.
Selon la Scop, ces propositions engendrent “l’incertitude”. “S’il y a liquidation, la SNCF ne pourra peut-être pas racheter les navires qui seront vendus aux enchères”, a souligné M. Cappelle.
“Après il faudra (…) renégocier avec le port de Douvres et de Calais pour avoir le droit d’accoster. On perd le nom commercial, les systèmes de réservation fret et passager et donc l’accès à la clientèle”, selon lui.
“Il faudra aussi recréer une filiale en Angleterre (..) indispensable à la gestion des escales” du côté britannique de la Manche. Enfin, une liquidation entraînerait des départs de salariés qualifiés et donc une “perte des compétences clés, notamment commerciales, informatiques”, poursuit Didier Cappelle.
Dans la lettre, les porteurs du projet assurent toutefois que “des solutions existent” pour financer leur projet.
“On ne veut pas d’une liquidation mais d’une cession, car avec une liquidation on aurait besoin de bien plus que 50 millions d’euros”, a assuré M. Cappelle, plaidant pour un prêt de l’Etat qui serait remboursé par la vente d’un navire à une société d’économie mixte.
Depuis la mi-novembre, les quatre navires de Seafrance sont bloqués à quai sur décision de la direction, puis des administrateurs judiciaires qui invoquaient des craintes pour la sécurité. Ses clients ont été récupérés par le concurrent britannique P&O ainsi que l’opérateur du tunnel sous la Manche Eurotunnel.