un billet de banque hongrois de 500 forints (Photo : Attila Kisbenedek) |
[04/01/2012 16:38:06] BUDAPEST (AFP) La devise hongroise, le forint, est tombée mercredi à un record historique de faiblesse face à l’euro, sur fonds de vives tensions entre Budapest et les institutions internationales susceptibles de mettre en péril l’octroi d’une aide financière cruciale pour le pays.
Le forint a clôturé à 320,27 HUF/EUR, contre 315,92 HUF/EUR mardi. Le précédent record à la baisse datait de mars 2009 à 317,59 HUF/EUR.
A Londres, le niveau des CDS (Credit default swap, qui mesure le risque d’une banqueroute de l’Etat) a atteint lui aussi un nouveau record historique, à 710 points contre 650 points la veille.
Des rumeurs de presse, démenties par le gouvernement, selon lesquelles Viktor Orban voudrait mettre la main sur les réserves de devises étrangères de la banque centrale (MNB) -d’une valeur de 35 milliards d’euros- ont déclenché ce nouveau mouvement de défiance.
Le marché craint que les discussions avec l’Union européenne (UE) et le Fonds monétaire international (FMI) sur un crédit ne patinent pour de bon.
La Commission et le FMI avaient décidé en décembre d’interrompre une mission à Budapest destinée à discuter d’une aide financière à la Hongrie évaluée entre 15 et 20 milliards d’euros, pour protester contre la réforme contestée de la Banque centrale.
Le parlement, où le parti conservateur de Viktor Orban détient une majorité des deux-tiers, a néanmoins adopté cette loi fin décembre. Il a aussi entériné une nouvelle constitution aux accents anti-démocratiques et une batterie de lois constitutionnelles controversées.
Les nouvelles en provenance de Hongrie vont “du mauvais au pire” et les chances d’un accord avec le FMI “semblent diminuer”, estiment les analystes de Capital Economics dans une note.
D’autant plus que le FMI est nettement plus sévère que par le passé, souligne Charles Robertson, économiste chez Renaissance Capital à Londres.
“L’an passé, le FMI a été plus dur avec l’Ukraine et aucun accord n’a été trouvé. Cela suggère aussi une position plus dure à l’encontre de la Hongrie”, estime-t-il.
Bruxelles pourrait discuter de l’opportunité de reprendre sa mission au cours de la réunion des commissaires européen le 11 janvier. Mais l’UE a conditionné toute reprise des pourparlers à des garanties sur l’indépendance de la Banque centrale.
Le même jour, le négociateur hongrois Tamas Fellegi doit rencontrer la directrice générale du FMI Christine Lagarde à Washington.
Le pays ne peut quasiment plus se refinancer sur les marchés obligataires en raison de taux d’intérêt trop élevés. Les taux des bons d’Etat sur dix ans, une référence, ont atteint 10,70% sur les marchés interbancaires.
“Sans accord avec le FMI, nous aurons beau à offrir des taux encore plus élevés, personne n’en voudra car personne ne croira que nous pourrons les rembourser”, souligne Laszlo Békesi, économiste réputé et ancien ministre des Finances, pour qui un accord avec le FMI et l’UE est “impératif”.
En 2008, la Hongrie avait déjà obtenu un crédit de 20 milliards d’euros du FMI, de l’UE et de la Banque mondiale, mais à son arrivée au pouvoir en avril 2010, Viktor Orban avait estimé que le pays n’en avait plus besoin et n’avait pas utilisé la dernière tranche de 6 milliards.
Le forint s’est régulièrement affaibli ces derniers mois après le constat d’échec de la politique économique du gouvernement, faite de mesures ponctuelles (impôts exceptionnels, nationalisation des caisses de retraite privées) mais sans réformes de fonds.
Les agences de notation Moody’s et Standard and Poor’s ont dégradé la note à long terme du pays au rang d’investissement spéculatif, les taux obligataires ont grimpé dans la foulée.