La pression s’accroît sur le président de la Banque nationale suisse

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ésident de la Banque nationale suisse, Philipp Hildebrand, le 16 juin 2011 à Bern (Photo : Fabrice Coffrini)

[04/01/2012 16:44:25] GENEVE (AFP) La pression s’est accrue mercredi sur le président de la Banque nationale suisse (BNS) Philipp Hildebrand, soupçonné par les médias suisses de transactions sur devises incompatibles avec sa fonction et de délit d’initié.

M. Hildebrand, considéré comme l’homme le plus important de l’économie suisse, prendra “position publiquement sur cette affaire jeudi”, a indiqué mercredi la BNS tout en publiant deux documents restés jusque là confidentiels et dont l’un, un rapport de la société d’audit PricewaterhouseCoopers, disculpe M. Hildebrand.

Ce mercredi, le journal suisse Weltwoche a indiqué que les transactions sur devises litigieuses, soit un achat de 500.000 dollars sur le marché des changes le 15 août 2011, trois semaines avant la fixation d’un taux plancher du franc suisse par la BNS, avaient été ordonnées par M. Hildebrand lui-même et non par sa femme, comme indiqué par la Banque centrale.

Selon le rapport de PwC publié mercredi, c’est cependant bien l’épouse de M. Hildebrand qui a procédé à cette opération et son mari n’en aurait été averti que le lendemain.

Selon la BNS, le rapport de PwC “montre que les dernières informations concernant les transactions de la famille Hildebrand dans certains médias sont partiellement incorrectes et ne contiennent aucun élément qui aurait échappé aux organes de contrôle”.

De son côté, le journal suisse Die Weltwoche, à paraître jeudi, écrit que M. Hildebrand est un “spéculateur” sur le marché des changes international, où il est intervenu à de nombreuses reprises l’an dernier.

Et de citer notamment un achat de dollars pour un montant de 1,1 million de francs suisses en mars.

Le journal, qui précise avoir eu accès à des extraits de comptes, indique encore que le président de la BNS a fait un gain de 75.000 CHF (62.000 euros) sur l’achat puis la vente des 500.000 dollars entre le 15 août et le 4 octobre.

L’affaire autour de cette transaction sur devises a été rendue publique le 23 décembre par la BNS dans un communiqué où elle indiquait que son président faisait l’objet de “rumeurs infondées”.

Des vérifications ont été engagées par le cabinet PricewaterhouseCoopers et le Contrôle fédéral des finances, et selon la BNS, celles-ci “ont confirmé qu?aucune transaction illicite n?avait été opérée ni qu?aucune exploitation impropre d?informations privilégiées n?avait été constatée”.

L’affaire, que l’on croyait réglée en décembre après le communiqué de la BNS, a pris une nouvelle tournure ce week-end avec des informations parues dans la presse suisse-alémanique selon lesquelles ces transactions avaient été révélées au gouvernement suisse par l’homme politique suisse Christoph Blocher, virulent critique de M. Hildebrand.

Mardi soir, l’épouse de M. Hildebrand, Kashya, s’est expliquée pour la première fois publiquement sur ces transactions sur devises.

Dans une déclaration écrite envoyée à la télévision suisse SF, Mme Hildebrand déclare que son “intérêt pour l’achat de dollars était motivé par le fait qu’il avait atteint un niveau très bas et qu’il était ridiculement bon marché”.

La banque suisse Sarasin a révélé de son côté mardi soir qu’un de ses employés avait subtilisé des documents bancaires et les avaient remis au leader du parti politique UDC (droite populiste) Christoph Blocher, qui a critiqué à plusieurs reprises la BNS et son président.

L’employé a été licencié avec effet immédiat pour violation du secret bancaire.