L’Iran minimise les sanctions occidentales contre son pétrole

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La raffinerie de Lavan, en Iran (Photo : Behrouz Mehri)

[05/01/2012 11:03:14] TEHERAN (AFP) Téhéran a minimisé jeudi les effets des sanctions occidentales au lendemain de l’annonce par des responsables européens d’un accord de principe pour interdire les importations de pétrole iranien dans l’UE.

“Tous les acteurs économiques sont des soldats pour affronter les ennemis (…). Ces sanctions sont une guerre économique contre nous. Les ennemis n’ont pas pu enchaîner notre peuple, ils veulent enchaîner notre économie”, a déclaré le ministre de l’Economie, Shamseddine Hosseini, cité jeudi par l’agence officielle Irna.

“Nous espérons que le pétrole iranien ne sera pas visé mais en cas de sanction, nous avons pris les mesures nécessaires pour y faire face”, a affirmé le directeur des Affaires internationales de la Compagnie nationale du Pétrole iranien (NIOC), Mohsen Ghamsari, cité par les médias.

“Dans la mesure où il y a un manque d’offre, les Occidentaux ne peuvent pas sanctionner le pétrole iranien (…). La situation économique mondiale ne supporte pas un pétrole cher”, a-t-il souligné.

Mercredi, les pays de l’Union européenne sont parvenus à un accord de principe pour interdire les importations de pétrole brut iranien si Téhéran ne s’engage pas à coopérer avec la communauté internationale sur son programme nucléaire controversé.

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é le 4 janvier 2012 à Paris (Photo : Fred Dufour)

Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a précisé que les pays de l’UE pourraient annoncer une telle mesure le 30 janvier lors d’une réunion du conseil des ministres des Affaires étrangères. Certains pays européens, en particulier la Grèce, l’Italie, l’Espagne et la Belgique, s’étaient pourtant montrés réticents.

Les sanctions européennes pourraient théoriquement toucher durement l’économie iranienne, déjà affectée par une série de sanctions occidentales.

Deuxième pays producteur de l’Opep, l’Iran tire 80% de ses rentrées de devises de ses exportations de pétrole, soit environ 100 milliards de dollars pour l’année iranienne en cours (mars 2011 – mars 2012). Mais seulement 18% des exportations pétrolières iraniennes vont en Europe et Téhéran a affirmé qu’il serait facile de contourner la sanction européenne en se tournant vers les pays asiatiques.

A Washington, la porte-parole du département d’Etat, Victoria Nuland, a salué la décision européenne et déclaré que les Etats-Unis souhaitaient que “des pays du monde entier” adoptent de telles mesures. Le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, doit se rendre en Chine et au Japon du 10 au 12 janvier pour y parler en particulier des nouvelles sanctions américaines adoptées fin décembre par les Etats-Unis contre le système financier et la Banque centrale iranienne.

La Chine, le Japon, la Corée du Sud et l’Inde sont les principaux clients asiatiques du pétrole iranien. La Chine s’est déjà déclarée opposée aux “sanctions unilatérales” décidées par les Etats-Unis.

Tout en affirmant que les sanctions n’ont pas d’effet, les responsables politiques et militaires iraniens ont montré une certaine nervosité ces derniers jours en menaçant de fermer le détroit d’Ormuz, un canal stratégique pour le trafic maritime pétrolier mondial, et en demandant aux Etats-Unis de ne pas renvoyer leur porte-avion dans le Golfe.

Ces nouvelles tensions ont poussé à la hausse les prix du pétrole sur les marchés internationaux ces derniers jours.

Et le marché des changes était toujours volatile jeudi à Téhéran. Un dollar s’échangeait à 15.950 rials alors que la Banque centrale avait tenté la veille d’imposer un taux de 14.000 rials, refusé par les échangistes.