En principe, les politiques d’attractivité ne se limitent pas uniquement à l’accueil des capitaux étrangers, mais doivent être également orientées vers des objectifs plus larges comme la création d’emplois, la stimulation des capacités d’innovation, un développement spatialement équilibré des territoires, etc., ce qui a nécessairement des implications sur la plupart des autres politiques publiques dans la mesure où celles-ci contribuent à la création d’un environnement plus ou moins favorable aux affaires (infrastructures, éducation, formation, justice…).
C’est dans le cadre de cette problématique que s’est positionnée la première enquête. En effet, six thèmes ont été traités, à savoir:
– l’évaluation de l’efficacité des diverses incitations à l’investissement privé dans les régions défavorisées,
– les nouvelles mesures à mettre en place pour améliorer à la fois l’efficacité et l’attractivité de l’investissement privé vers ces régions,
– les préalables et les mesures d’accompagnement que les pouvoirs publics doivent mettre en place pour assurer un meilleur développement régional,
– les modalités pratiques à mettre en place dans le cadre d’un nouveau cadre plus incitatif pour l’investissement privé,
– les mesures à prendre pour que l’effort de développement puisse permettre la création massive d’emplois.
La majorité des sondés s’accordent sur le fait que les incitations sont attractives et que celles qui sont offertes aux investisseurs étrangers sont très favorables. Cependant, ils imputent l’échec de l’efficacité de ces mesures à développer et à promouvoir l’investissement privé, en particulier dans les régions défavorisées, à principalement six facteurs: l’infrastructure, la disponibilité et la qualité de la main-d’œuvre, le cadre réglementaire et fiscal, le potentiel économique, la qualité des services publics et enfin la qualité de vie dans les régions.
En effet, au niveau de l’infrastructure, il s’agit notamment des moyens de communication tels que la proximité des routes et autoroutes qui puissent permettre un meilleur accès aux régions et aux zones industrielles, la facilité d’accès aux ports et aéroports, la fréquence des vols intérieurs, l’Internet à haut débit, la facilité de connexion au réseau électrique et à celui du gaz.
Il a été en outre suggéré de moderniser le port de Gabès afin de faciliter l’accès aux débouchés extérieurs pour les sociétés implantées dans le Centre et le Sud. Bref, il s’agit tout simplement d’adapter les infrastructures aux besoins locaux.
En ce qui concerne la disponibilité et la qualité de la main-d’œuvre, les hommes d’affaires sondés déplorent le manque de personnel qualifié qui induit une augmentation des charges liées à la formation et au recrutement du personnel en provenance d’autres régions. Par ailleurs, l’absence de possibilités de recrutement de personnels étrangers limite le pouvoir de transfert du savoir-faire.
Au niveau du cadre réglementaire et fiscal, il s’agit de l’assouplissement de la législation du travail, de l’allégement des charges sociales et fiscales, d’accorder des privilèges fiscaux aux PME, d’une meilleure gouvernance dans le mode d’octroi des avantages et des primes, et de la révision de la fiscalité dans le sens d’une plus grande clarté.
Le potentiel économique des régions nécessite, d’après les interviewés, des études stratégiques par région qui se chargeront de procéder, entre autres, à un inventaire des ressources hydrauliques, naturelles et humaines afin de mettre en valeur les spécificités de chacune d’elle, afin que des stratégies individuelles puissent être mises en place. Ce qui permettra de mettre en place des incitations, des processus d’accompagnement, des centres de formation, des bureaux d’emploi, adaptés à chaque région.
En outre, une certaine autonomie des régions est recommandée, afin que les régions frontalières puissent avoir la possibilité d’établir des relations commerciales avec leurs voisines.
Au niveau de la qualité des services publics, la situation se résume à un problème de gouvernance. Il est suggéré, pour les rendre plus efficaces, de les décentraliser au niveau des régions, et pourquoi pas, selon certains, d’accorder une certaine autonomie aux régions, ce qui permettra une délocalisation participative. Cette autonomie prendrait la forme de conseils régionaux élus, ayant une certaine autonomie budgétaire, ce qui pourrait atténuer les lenteurs de procédures, les lourdeurs administratives ainsi que la corruption. Il est en outre suggéré de mettre en place des équipes multi-compétences afin que l’accompagnement des projets ne dépende que d’un seul organisme.
Enfin, la qualité de vie dans les régions défavorisées constitue, de l’avis de tous les sondés, le principal obstacle non seulement pour attirer les compétences, mais aussi pour retenir les natifs de ces régions. Il s’agit en particulier de la qualité de l’éducation, du logement, de la santé et des activités culturelles.
Parmi les autres problèmes qui ont été soulevés et les propositions qui ont été avancées, on pourrait citer: la mise en place d’encouragement au partenariat entre les hommes d’affaires expérimentés et les jeunes promoteurs, plus d’encouragement aux petits métiers, revoir le mode de fonctionnement des bureaux d’emploi, décentralisation des services d’appui aux entreprises, l’encouragement à la création de zones de services logistiques, le développement des centres de formation technique.
La deuxième enquête a, quant à elle, été axée sur les réformes à introduire au Code d’incitations aux investissements, sur les priorités sur lesquelles devrait être orienté le nouveau Code d’incitations aux investissements, mais aussi sur les critères sur lesquels devraient être basés les incitations octroyées aux IDE.
Dans les trois cas, c’est le contenu technologique des projets qui a été jugé comme étant le facteur prioritaire, la localisation régionale vient en second lieu, et l’emploi en dernier.
Ces réponses sont parfaitement compréhensibles, puisque ce sont les projets novateurs et le positionnement technologique des projets qui vont assurer la pérennité de l’entreprise. Ce positionnement lui-même va permettre de générer des emplois qualifiés qui permettront d’absorber les diplômés au chômage.