Alain Minc dénonce l'”abyssale inculture” des agences de notation

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à Paris, le 5 janvier 2012 (Photo : Eric Piermont)

[05/01/2012 14:59:44] PARIS (AFP) L’économiste français Alain Minc, un des proches conseillers du président Nicolas Sarkozy, a accusé jeudi les agences de notation financières d'”abyssale inculture” à l’égard des pays qu’elles notent.

“Quand il s’agit des Etats, ce qui me gêne dans l’action des agences de notation, ce n’est pas tellement les conflits d’intérêt, elles n’en ont pas, mais c’est leur abyssale inculture”, a-t-il déclaré lors d’un colloque “Nouveau monde” organisé par le ministre de l’Industrie Eric Besson.

“On ne peut pas juger un pays comme on juge un compte d’exploitation”, a-t-il poursuivi, alors que les pays de la zone euro sont dans le collimateur des trois grandes agences, en particulier la France, menacée par Standard and Poor’s d’une dégradation de un ou deux crans de sa note “AAA”.

Evoquant les cas de l’Italie et de l’Espagne, M. Minc a dénoncé une “méconnaissance historique totale (des agences) de ce qu’est l’Italie”.

Il leur a reproché de ne faire “aucune référence à ce stabilisateur réel qu’est l’économie clandestine, aucune référence au fait qu’une partie de la dette italienne est souscrite (…) hors d’Italie par les acteurs italiens qui ont une partie de leur patrimoine hors du pays et souscrivent avec une plus grande stabilité”.

“Quiconque connaît l’Italie savait qu’il arriverait un gouvernement technique”, a-t-il ajouté, au sujet de l’arrivée au pouvoir de l’ex-commissaire européen Mario Monti.

“Comment voulez-vous que l’analyste qui a l’âge de mes enfants et qui a deux ans d’expérience (…) puisse savoir ça ?”, a-t-il lancé.

“Qui connaît l’Espagne ne pouvait que savoir que les élites sont cohérentes et que (…) des mesures très dures seraient prises”, a poursuivi Alain Minc, prenant pour exemple le vote à la quasi unanimité de la règle d’or en septembre.

Il a aussi moqué “les modes en économie”. “Les agences sont prises dans cette espèce de bain théorético-idéologique”, a-t-il déclaré.

Sous forme de boutade, il a estimé qu’elle finiraient cependant “par mériter le prix Charlemagne”, l’une des plus hautes distinctions européennes, “parce qu’elles ont fait faire à l’Europe et du moins à la zone euro des progrès que nul n’aurait envisagés il y a deux ans ou trois ans”.