Nécessité de repenser le pèlerinage et la Omra en Tunisie

Par : Tallel

snr-0612.jpgL’un de nos lecteurs ayant effectué le rite du pèlerinage à La Mecque cette année 2011 nous a livré cette réflexion que nous avons voulu faire partager avec tous les lecteurs de Webmanagercenter.com.

Pour commencer, j’estime indispensable un changement radical de l’organisation du rite du haj côté tunisien, et surtout du comportement des pèlerins tunisiens, dont certains sont mal préparés.

Afin de donner un point de vue complet sur l’organisation du Haj 2011, confiée exclusivement à une entreprise publique, en l’occurrence la SNR (Société nationale des résidences), il faut savoir qu’il y a 3 volets. Le premier concerne la SNR qui organise le pèlerinage et la Omra (logistique); le second relève du comportement des pèlerins eux-mêmes; alors que le troisième a trait à la mauvaise préparation et l’insuffisance d’information des pèlerins ou plutôt de l’éducation religieuse.

Concernant le côté logistique, on peut dire que l’organisation du haj par la SNR reste légère voire relève de l’amateurisme. D’ailleurs, pour s’en convaincre, je cite 3 insuffisances majeures. Tout d’abord, l’absence de tout contrat reliant l’entreprise au pèlerin, avec absence d’un document officiel ou y figure le prix, les dates d’aller et de retour, les lieux de résidence, la catégorie de l’hôtel, la durée du séjour à La Mecque et à Médine, etc. En effet, tout le contrat est verbal et on se suffit à un billet d’avion et à un reçu d’encaissement. Ce qui est totalement aberrant et insuffisant.

La deuxième insuffisance est liée au manque de gouvernance et d’information sur le prix, qui est déterminé seulement quelques jours avant le voyage, alors qu’on sait que la SNR achète les lieux de résidence une année à l’avance, ce qui lui donne assez de temps pour pouvoir déterminer les prix, au moins 3 mois avant le démarrage de la saison du pèlerinage.

Toujours dans cet ordre d’idées, on note l’absence aussi d’une grille tarifaire et d’offre de service. Il y a lieu de laisser le choix au pèlerin d’une liste de services, comme la possibilité de contracter une assurance voyage, d’un accompagnement sur place, surtout lorsqu’on sait qu’il existe des prestataires de services en Arabie Saoudite et qui les commercialisent.

Donc, je m’interroger sur cette culture du secret à propos du lieu de résidence, qu’on découvre uniquement à l’arrivée, alors qu’il est loué depuis une année.

Dernier point sur l’organisation et la logistique: la plupart des employés de la SNR sont soit des amateurs, soit des bénévoles, ou bien des contractuels retraités, et de fait, pour recevoir et servir 11.000 pèlerins chaque année, l’entreprise ne dispose que de deux personnes. D’où ma proposition de créer des filiales de la SNR à travers tout le territoire national, et ce pour servir les futurs pèlerins et pour leur éviter des déplacements fatiguant est coûteux, juste pour retirer un billet d’avion ou pour déposer un passeport.

Enfin, je ne passe pas sous silence le manque flagrant d’informations et de communication, pas de site web réactualisé, pas de prospectus, et j’en oublie l’opacité sur la liste des prix, sur les services offerts. Ce qui provoque des attentes trop élevées par rapport à une autre réalité que le pèlerin ne découvrira qu’une fois arrivé sur le terrain, provoquant des frustrations, un mécontentement et parfois même une révolte, comme ce fut le cas cette année. Poussant même certains pèlerins à saisir la justice pour demander réparation auprès de la SNR et de demander leur remboursement total ou partiel.

Le deuxième point à améliorer relève du comportement du pèlerin tunisien, qui demeure peu disposé à l’effort et se considérant même comme le centre du monde. Afin d’imager cette situation, on dirait que le pèlerin tunisien souhaite être considéré comme le centre du monde parmi les 5 millions de pèlerins, alors qu’il n’en constitue que 0,5%. Il désire qu’on vide pour lui l’espace de La Mecque, refuse l’effort, refuse l’idée de marcher ou de souffrir et se considère qu’il est dans un simple voyage de loisirs.

La culture de l’effort n’est pas le fort du Tunisien. Surtout que la plupart des pèlerins sont des personnes âgées, souvent en mauvaise santé, souffrant de plusieurs maladies cardiaques (hypertension, diabète…). D’ailleurs, on ne comprend même pas comment ils ont pu passer l’examen de santé imposé pour chaque candidat. La seule explication, c’est la complaisance des médecins et le peu de sérieux de cette opération.

Bref, je pense que le pèlerin tunisien n’est pas du tout préparé à la réalité du Haj et aux difficultés logistiques, de transport et aux conditions rigoureuses dans les campements d’Arafat et celui de Mina. Où, il faut dire, il est très difficile pour une personne âgée de plus de 70 ans de supporter les conditions de campements, sous une tente exposée au soleil et au froid la nuit…

La question c’est peut-on faire autrement? Je pense qu’il sera très difficile d’offrir un autre service, qui allie proximité, salubrité et confort. C’est pour cette raison que qu’il serait préférable de le dire et préparer, par conséquent, moralement et physiquement le pèlerin à travers des films, vidéos, et une formation spécifique.

Le Haj demande une très bonne condition physique et mentale, une préparation physique et une connaissance des techniques de campement et une bonne aptitude de la marche à pied. Il ne faut jamais oublier que le rite du Haj est valable uniquement pour ceux et celles qui disposent d’une très bonne condition physique et matérielle.

Enfin, je souhaite signaler la faible culture religieuse des Tunisiens, qui ignorent les différentes étapes du Haj, qui sont très mal formés et informés. Et ce n’est pas 4 ou 5 séances d’instructions religieuses organisées 2 mois avant le pèlerinage qui peuvent y pallier. On doit instaurer, pour les futurs candidats au pèlerinage, une formation durant une année et sanctionnée par un examen oral et écrit. Et un exposé détaillé, expliqué avec à l’appui des moyens modernes tels que les films, les projections, les photos, les différents rites, les endroits. Expliquer, exposer et faire comprendre les différentes composantes du Haj, afin que le futur candidat soit bien préparé.

 

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