Nicolas Sarkozy reçoit Mario Monti à Paris, la zone euro toujours sous pression

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à Strasbourg (Photo : Eric Feferberg)

[06/01/2012 11:24:31] PARIS (AFP) Le chef du gouvernement italien Mario Monti est en visite vendredi à Paris, où il doit s’entretenir en fin d’après-midi avec Nicolas Sarkozy, au moment où la zone euro suscite de nouvelles inquiétudes alimentées notamment par la fragilité du secteur bancaire.

Les deux dirigeants doivent faire une déclaration à la presse à l’issue de leur entretien bilatéral, prévu à 16H00 GMT, qui sera guettée par des marchés agités.

Ceux-ci doutent de la solidité du secteur bancaire après l’effondrement jeudi du cours d’UniCredit, la première banque italienne, contrainte de se brader pour se recapitaliser et l’estimation par le ministre espagnol de l’Economie d’un besoin de provisions supplémentaires des banques de son pays de 50 milliards d’euros.

Ces inquiétudes sur les banques ont relancé les craintes sur les dettes publiques. Les taux obligataires, à l’exception de ceux de l’Allemagne, se sont à nouveau tendus jeudi, le rendement des obligations italiennes à dix ans se maintenant au-dessus des 7%, un niveau jugé insoutenable sur la durée.

Dans une interview au Figaro mercredi, Mario Monti estimait que son pays restait victime d’un risque “zone euro” alors que l’Europe “n’avait plus aucune raison d’avoir peur de l’Italie” qui a “fait son devoir” budgétaire. M. Monti, qui a remplacé en novembre Silvio Berlusconi, a fait adopter par le Parlement italien un plan de rigueur draconien pour aider son pays, troisième économie de la zone euro, à surmonter la défiance des marchés.

Les marchés restent aussi toujours suspendus à une éventuelle dégradation de la note de 15 pays de la zone euro, dont l’Allemagne et la France, par l’agence Standard and Poor’s.

“Ce n’est pas la France en particulier qui est visée, mais quinze des dix-sept pays de la zone euro”, a déclaré vendredi au journal Le Parisien Jean-Michel Six, chef économiste pour l’Europe de Standard and Poor’s. “Le problème est avant tout le fonctionnement de la zone euro qui laisse à désirer”, a-t-il ajouté en dépit du projet de modification des traités européens annoncé le mois dernier, sur lequel les chefs d’Etat et de gouvernement doivent revenir lors de leur prochain sommet le 30 janvier.

Signe de cette tension, les dysfonctionnements persistent sur le marché des prêts entre banques.

Les banques de la zone euro ont déposé 455 milliards d’euros entre jeudi et vendredi auprès de la BCE un nouveau record, qui montre que la situation est loin d’être normalisée.

Ces dépôts sont rémunérés à hauteur de 0,25% par la BCE, un montant bien plus faible que ce que les banques, qui ont été inondées de liquidités par la BCE fin décembre, pourraient en tirer si elles voulaient ou parvenaient à les placer sur le marché. Cela prouve que les banques préfèrent ne pas prendre de risque en plaçant leurs excédents auprès de la BCE.

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à Singapour (Photo : Roslan Rahman)

Le gouvernement de la Banque de France, Christian Noyer, les a d’ailleurs appelées vendredi à se “bouger” sur le crédit aux entreprises et aux particuliers, leur demandant d’être “plus actives”.

“C’est pour cela qu’on leur prête de l’argent, qu’on leur prête à de très bonnes conditions et qu’on leur garantit ça sur plusieurs années”, a dit Christian Noyer, qui siège au conseil des gouverneurs de la BCE.

La crise de l’euro va aussi continuer à avoir des répercussions au niveau mondial, notamment en Afrique dont les économies dépendent en partie des échanges avec l’Europe, a souligné vendredi la directrice générale du FMI Christine Lagarde en visite à Johannesburg.

Les prévisions de croissance mondiale du FMI pour 2012, jusque là de 4%, “devraient être révisées à la baisse” autour du 25 janvier, a prévenu Mme Lagarde.