Alain Juppé, ministre français des Affaires étrangères, n’aura pas quitté la Tunisie sans avoir affirmé auparavant le soutien de son pays à la société civile et ses composantes politiques et sociales.
Après avoir discuté jeudi soir avec les représentants de nombre de partis politiques, d’ONG et d’acteurs dynamiques dans les réseaux sociaux, Alain Juppé s’est rendu vendredi matin (6 janvier) aux locaux de l’Association Amal pour les mères célibataires. « La culture démocratique s’acquiert également grâce au développement du réseau associatif, et l’Association Amal qui aide les mère célibataires mène un beau combat».
Ce geste serait-il un clin d’œil tout diplomatique à Souad Abderahim, membre du parti Ennahdha, qui a déclaré haut et fort sa condamnation des naissances hors mariage?
Alain Juppé a, en tout cas, insisté sur la place de la femme tunisienne à tous les niveaux et s’est dit impressionné par le rôle qu’elle joue dans le «processus de démocratisation de la Tunisie».
Parlant de la montée de l’extrémisme en France, il a déclaré lors de la conférence de presse organisée vendredi 6 janvier 2012 au Palais Ennejma Azzahra, que le phénomène ne se limite pas à son pays mais s’étend au monde entier, y compris à l’Amérique du Nord, et que le seul moyen pour le contrecarrer est l’éducation, la pédagogie et le dialogue entre les différentes cultures, civilisations et religions. «Je ne peux accepter l’idée qu’il y ait une sorte de contradiction de fond entre islam et démocratie… L’islam est une ‘’réalité’, pardon une religion de sensibilités diverses, il y a des extrémistes, il y a des interlocuteurs qui partagent les valeurs démocratiques, on les appelle modérés… Il faut favoriser le dialogue».
Le chef de la diplomatie française a, par ailleurs, exprimé son appréciation de l’accueil «exceptionnellement chaleureux» qui lui a été réservé, et ce à tous les niveaux. «Partout, on m’a dit, “la France est le premier partenaire de la Tunisie et nous avons l’intention de continuer dans cette voix. A ce niveau là, il n y a plus aucune espèce d’ambiguïté».
A propos du développement notable des relations de la Tunisie avec ses partenaires arabes et principalement ceux du Golfe, M. Juppé a déclaré: «Nous n’avons pas le monopole de la Tunisie, il est normal que d’autres pays s’y intéressent et que votre pays s’intéresse lui aussi à de nouveaux partenaires, il nous appartient tout simplement, à nous, de mériter notre première place en étant aussi bons sinon meilleurs que les autres».
Cette déclaration laisserait penser que la France compte consolider sa présence en Tunisie, ce qui est d’ailleurs confirmé par «une volonté partagée d’aller de l’avant dans une coopération extrêmement étroite…».
La France compte, d’ailleurs, d’après son ministre des Affaires étrangères, consolider ses investissements en Tunisie : «Les PME sont les plus nombreuses à s’implanter en Tunisie mais cela suppose un environnement juridique, social et sécuritaire stable… Quant aux problèmes sociaux, une médiation du gouvernement tunisien permettrait de régler ce problème pour stabiliser les entreprises… Nous souhaitons que les conditions soient réunies pour que celles qui sont là restent et que d’autres viennent…».
M. Juppé s’est déclaré heureux de voir la Tunisie appuyer des valeurs chères à la France comme les libertés privées, les libertés publiques, le respect des minorités, celui de la femme, de sa dignité et de ses droits soient des valeurs partagées avec les partis qui dirigent aujourd’hui la coalition. «Nous en avons discuté hier et nous partageons les mêmes points de vue».
Rappelons que 15.000 étudiants tunisiens poursuivent leurs études en France et que le plus grand contingent de touristes qui choisit pour destination la Tunisie est traditionnellement français. «D’ailleurs, nous préconisons une reprise des touristes français sur la Tunisie pour la saison prochaine et nous avons même informé les Tunisiens de notre prédisposition à les aider à entamer des réformes structurelles dans le secteur et l’adapter au profil des touristes français»…
Pour conclure, le chef de la diplomatie française aurait réussi une mission faite pour rassurer, être rassuré sur l’avenir et la qualité des relations entre son pays et la Tunisie, et aurait surtout livré des messages se rapportant aux libertés dans toutes leurs dimensions et surtout celle de la femme et aux importants enjeux existant entre deux pays liés économiquement, culturellement, civilisationnellement et linguistiquement.