à droite, les dirigeants des Brics Manmohan Singh (Inde), Dmitri Medvedev (Russie), Hu Jintao (Chine), Dilma Rousseff (Brésil) et Jacob Zuma (Afrique du Sud) le 14 avril 2011 en Chine (Photo : Ed Jones) |
[07/01/2012 09:45:04] SAO PAULO (AFP) L’année 2011 a montré un lent basculement des équilibres économiques mondiaux en faveur des Brics, le bloc de pays émergents menés par la Chine, mais il faudra attendre longtemps encore avant qu’ils ne parlent d’une seule voix, selon des experts.
Le meilleur exemple en est l’annonce il y a quelques jours que le Brésil avait subtilisé à la Grande-Bretagne le rang de 6e économie mondiale – derrière les Etats-Unis, la Chine, le Japon, l’Allemagne et la France.
Et d’ici à la fin de la décennie, la Russie et l’Inde pourraient prendre les quatrième et cinquième places, devant le Brésil, selon le FMI et le CEBR, un institut de recherches économiques britannique.
Les cinq Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) représentent actuellement 18% du produit intérieur brut mondial (PIB) et 40% de la population, 15% du commerce et 40% des réserves monétaires de la planète.
Affichant un PIB commun de presque 14.000 milliards de dollars, ces économies ont représenté 30% de la croissance mondiale depuis que la banque Goldman Sachs a inventé le terme Bric en 2001.
“Je crois que de manière individuelle, les pays des Brics ont bien résisté face à la crise, (notamment) comparé aux pays développés”, a expliqué à l’AFP Rubens Barbosa, ancien ambassadeur brésilien aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne.
L’ancien diplomate estime que le Brésil, qui accueillera le Mondial de football en 2014 et les Jeux olympiques en 2016, a énormément bénéficié de son appartenance à ce groupe. Pour lui, le Brésil est désormais considéré “à égalité avec les trois autres” (Chine, Inde, Russie).
Les sceptiques voient les Brics s’affronter en raison de rivalités internes et d’intérêts contradictoires, mais le club a fait preuve de solidité et de croissance, grâce à la complémentarité de ses membres.
La Chine et l’Inde ont accès aux énormes ressources en matières premières, énergétiques et agricoles de la Russie, du Brésil et de l’Afrique du Sud, alors que les Chinois fournissent des biens de consommation à bas prix aux classes moyennes de leurs partenaires.
Leurs intérêts sont toutefois parfois contradictoires: “le Brésil favorise la libéralisation agricole quand la Chine et l’Inde ont des tendances plus protectionnistes”, selon Mme Lia Valls Pereira, analyste à l’Institut d’économie brésilien de la fondation Getulio Vargas.
“La Chine nuit aux exportations brésiliennes vers des pays tiers et (sa politique de dumping, quand elle inonde les marchés de produits à bas coûts) affecte certains secteurs industriels brésiliens, comme le textile”, a-t-elle ajouté.
Cependant, les cinq membres sont unis dans leur recherche d’un nouvel ordre mondial multipolaire, y compris via un poids accru dans les institutions financières internationales telles que le FMI.
Mais ils doivent encore apprendre à parler d’une seule voix: “C’est un processus lent et graduel”, selon Rubens Barbosa. Peu à peu, “les Brics vont pouvoir parler d’une seule voix sur des sujets précis… quand leurs intérêts coïncideront”.
Le prochain sommet des Brics, en mars à New Delhi, sera “une opportunité importante pour voir si la rhétorique sur la coopération se transforme en initiatives concrètes et pour identifier de nouvelles positions communes”, a pronostiqué Adriana Abdenur, coordinatrice générale du Centre de politiques des Brics, dont le siège est à Rio.
La crédibilité du groupe repose également sur sa capacité à aider à résoudre la crise de la dette en Europe, selon elle.
Sur le front diplomatique, le Brésil, l’Inde et l’Afrique du Sud militent pour obtenir un siège permanent au Conseil de sécurité de l’ONU. Une perspective encore éloignée malgré leur rôle croissant sur l’échiquier mondial, en raison des désaccords parmi les pays disposant du droit de véto: les Etats-Unis, la Chine, la France, la Grande-Bretagne et la Russie.