Cher monsieur Debré, j’ai lu votre blog et je comprends votre réaction outrée à
ce qu’a dit un président de la République fraîchement nominé qui commence sa
carrière en allant de bourdes en bourdes et surtout en critiquant le pays des
droits de l’homme qui l’a accueilli et protégé quand il était personna non grata
chez lui. Mais que voulez-vous, il ne faut pas trop en vouloir à ce nouvel
arrivant qui trouve trop grand le palais de Carthage; lui-même n’en croit pas
ses yeux et répète à qui veut bien l’entendre vivre un rêve inespéré: dormir
dans le lit de celui qui la longuement persécuté! On est en pleine revanche à la
Edmond Dantès.
Et comme l’histoire ne fait que se répéter, mettez ces déclarations sur le
compte de son inexpérience, comme avait déclaré le père de la Cinquième
République que votre père a si dévouement servi, et ce après la disparition
outrageuse de cet éminent opposant marocain en plein jour a
Saint-Germain-des-Prés… Ce qui aurait pu arriver à cet ingrat de président
intérimaire n’eût été la grandeur de la France qui se refuse à faire la même
erreur deux fois!
Et je suis presque flattée que ce soit une personnalité d’une fière lignée qui
ait pris la peine de répondre à ces déclarations qui auraient pu être ignorées
par les grands de ce monde dont vous faites partie!
Mais les temps ont changé et il a fallu qu’un illustre inconnu, né dans un bled
inconnu dans un tout petit pays, se soit transformé en torche pour ouvrir les
yeux- ?- de vos semblables. Et la pauvre MAM a fait les frais de cet
aveuglement… Etait-elle la seule ou fallait-il en faire un fusible?
Et si je réitère mes remerciements quant à votre réponse dont le contenu a une
valeur incontestable comme l’a été le rôle de votre grand pays dans notre
continent, et je ne voudrais pas remuer le couteau dans la plaie avec cette
Françafrique qui se meurt et les valises baladeuses. Et quand on prend notre
petite Tunisie, il semblerait que, d’une part, les amis du locataire précédent
du palais de Carthage rempliraient la place des Vosges, et, d’autre part, un de
vos anciens présidents n’a-t-il pas déclaré que manger, boire et se loger
étaient la plus belle des victoires du régime zabatiste… Propos prémonitoires,
car dans votre beau et magnifique pays dont on m’a appris l’histoire et la
géographie par cœur où actuellement les gens ont plus besoin de se nourrir en
allant de plus en plus dans les restaurants du cœur que de s’exprimer librement,
car pour bien le faire, il faudrait avoir déjà le ventre plein.
Mon cher Bernard, vous faites partie d’une France qui, malheureusement, a
quasiment disparu derrière les clinquants et dont le langage politique a rejoint
celui des banlieues où on ne parle que de “pov cons“ et de “sales mecs“! Le
Larousse en a des sueurs froides.
Enfin, si notre président –provisoire rassurez-vous– vous a vexé en parlant
d’islamophobie, hélas, bien que le protocole le lui interdise, il a
malheureusement raison, car afin de vous rendre compte, habillez-vous en
musulman et noir de surcroît, et vous mesurerez le niveau de vexation que vous
subirez, surtout si vous êtes cadre supérieur et avez pris connaissance des
dernières circulaires GUEANT. Alors mon cher ami, il y a peut-être beaucoup plus
de musulmans en France qu’en Tunisie, mais la Tunisie les a bien intégrés, elle!