Taxe Tobin : la place financière de Paris s’indigne, le gouvernement persiste

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à Paris (Photo : Bertrand Guay)

[09/01/2012 06:25:43] PARIS (AFP) La place financière française s’est insurgée dimanche contre le projet de Nicolas Sarkozy d’instaurer une taxe sur les transactions financières, sans ébranler la détermination du gouvernement à aller vite, quitte à faire cavalier seul en Europe.

Si elle n’était pas européenne, cette taxe “affaiblirait l’économie française” et serait “inappropriée”, a affirmé l’association Paris Europlace, qui représente l’ensemble des acteurs de la finance française.

La présidente du Medef, Laurence Parisot, a abondé dans le même sens, estimant sur RFI que la mise en place de cette taxe serait un “mauvais coup” porté au financement de l’économie française et que cela aboutirait à “une délocalisation massive” des transactions. “Nous serions tous perdants”, a-t-elle insisté.

“Ce n’est pas parce que les financiers disent +non on ne veut pas être taxés+ qu’on va les écouter”, a rétorqué Benoist Apparu, le secrétaire d’Etat au Logement, sur Radio J, assurant qu’un texte serait présenté en Conseil des ministres “probablement en février”.

Selon Paris Europlace, cette taxe ne toucherait pas uniquement les transactions considérées comme spéculatives mais aussi les transactions réalisées par les investisseurs privés, les entreprises et les investisseurs institutionnels. Paris Europlace représente l?ensemble des acteurs de la place financière française: entreprises industrielles, y compris les PME, sociétés d?assurance, sociétés de gestion, banques et intermédiaires financiers.

Pensée en 1972 par l’économiste américain James Tobin et portée par les milieux altermondialistes et l’association Attac, la taxe contestée a fait un long chemin avant d’être reprise par le président Sarkozy, la chancelière Angela Merkel et la Commission européenne.

Cependant jusqu’ici le président français avait toujours repoussé l’idée d’une mise en place uniquement dans l’Hexagone.

Vendredi, Nicolas Sarkozy a suscité l’agacement de ses partenaires européens en déclarant que la France n’attendrait pas qu’ils trouvent un consensus pour mettre en oeuvre la taxe en France.

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écrans (Photo : Jack Guez)

Pour Berlin, “le but est d’aboutir à l’instauration d’une taxe dans l’Union européenne”, a déclaré le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Seibert.

La Commission européenne a elle aussi rappelé la nécessité d’une “approche cohérente” tout comme le chef du gouvernement italien Mario Monti. Le Premier ministre britannique David Cameron est allé encore plus loin, réaffirmant son opposition à toute taxe… à moins qu’elle ne soit décidée au niveau mondial.

Ce débat intervient à moins de quatre mois des élections en France. Nicolas Sarkozy doit rencontrer lundi à Berlin la chancelière Angela Merkel pour harmoniser leurs positions avant un sommet européen à la fin du mois.

Au sein du Parti socialiste, les positions sont nuancées. Le député Arnaud Montebourg a déclaré dimanche sur France 3 : “Cette taxe, je vais la voter et je le (Nicolas Sarkozy) prends au mot”. Mais le député Julien Dray a dit à la radio RCJ craindre que cette taxe soit “un gadget, quelque chose qui soit votée mais inapplicable, qui soit de l’ordre de la gesticulation”.

Le président du MoDem, François Bayrou, candidat à la présidentielle, a proposé que la taxe serve au financement de la protection sociale

Quant à la candidate écologiste à la présidentielle, Eva Joly, elle s’est dite dimanche sur RMC “heureuse” que Nicolas Sarkozy se soit “rallié” à une idée défendue depuis longtemps par son camp.

Dominique de Villepin, candidat à l’Elysée au nom de République solidaire, a qualifié à Canal + de “stupide”, de “très mauvaise idée” le projet d’une taxation des transactions financières en France seule.

Le député-maire UMP de Nice, Christian Estrosi, a appelé la gauche et François Hollande “à soutenir publiquement et sans réserve” le projet “dans l’intérêt général des citoyens” français. “Nous ne pourrons pas continuer longtemps à louer les mérites de cette taxe sans la mettre en place”, a-t-il ajouté dans un communiqué.