SeaFrance : Eurotunnel va soutenir le projet de sauvetage de la Scop

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à quai à Calais le 2 janvier 2012 (Photo : Philippe Huguen)

[09/01/2012 07:23:00] PARIS (AFP) L’exploitant du tunnel sous la Manche Eurotunnel va soutenir le projet de sauvetage de SeaFrance par ses employés en se portant acquéreur des navires de la compagnie de ferries transmanche, après sa probable liquidation, a annoncé lundi son PDG dans une interview à Libération.

Eurotunnel est “candidat pour être majoritaire, quelque part entre 51% et 100%, dans une structure de portage qui reprendrait les navires de SeaFrance pour, ensuite, les mettre à la disposition de la Scop (société coopérative et participative), qui serait l’opérateur de la compagnie”, déclare son PDG Jacques Gounon au quotidien.

“C’est une piste qui pourrait être intéressante, mais ne spéculons pas à ce stade”, a commenté sur LCI le ministre de l’Industrie Eric Besson, sans se prononcer sur le fond de l’offre d’Eurotunnel.

Les salariés, en route en bus vers Paris, se montraient ouverts aux déclarations du patron d’Eurotunnel. “C’est encore un rebondissement à l’italienne, on va pouvoir composer un opéra SeaFrance”, ironisait toutefois l’un d’entre eux.

Cette candidature intervient alors que le tribunal de Commerce de Paris doit sceller lundi le sort de la compagnie de ferries transmanche SeaFrance, en liquidation depuis fin novembre.

Un seul projet de sauvetage de la filiale de la SNCF est présenté à la justice: celui — porté par la CFDT de SeaFrance — d’une coopérative financée par les indemnités de licenciement des quelque 800 salariés.

Un tandem entre la compagnie danoise de ferries DFDS et le français Louis Dreyfus Armateurs (LDA) s’est également porté candidat à un rachat de SeaFrance, mais son projet a été retoqué par le tribunal de commerce en novembre après s’être heurté à l’opposition de la CFDT locale.

“On ne peut pas laisser disparaître la seule compagnie française du port de Calais”, fait valoir le PDG d’Eurotunnel à Libération lundi. “Je pense, comme la région Nord-Pas-de-Calais, que ce projet de reprise en coopération ouvrière mérite d’être étudié et aidé”, déclare-t-il.

Eurotunnel a informé les administrateurs judiciaires de SeaFrance de son intérêt pour reprendre la majorité des actifs de la compagnie en cas de liquidation, dans un courrier le 28 décembre confirmé par un second le 6 janvier, explique M. Gounon.

Celui-ci dit également vouloir garder le port de Calais “sous pavillon français”, le danois DFDS étant ultramajoritaire (82%) dans le projet rival de reprise de SeaFrance, et fait valoir que LDA a bénéficié d’importantes subventions françaises pour son trafic transmanche.

Avant cette entrée en scène d’Eurotunnel, le dispositif de Scop n’avait pas reçu l’assentiment de la majorité des salariés: moins de 250 d’entre eux seraient prêts à y participer, selon des sources proches du dossier, qui invoquent une “vraie défiance” vis-à-vis du syndicat CFDT porteur du dossier, objet d’un rapport cinglant de la Cour des comptes. Le patron de la confédération François Chérèque a jugé lundi matin sur RTL que la CFDT locale n’avait pas “un comportement honorable” et a évoqué de probables exclusions.

Le jugement du tribunal de commerce est d’autant plus attendu que le gouvernement s’est engagé à sauvegarder un maximum d’emplois. Dimanche, Nicolas Sarkozy a présidé une réunion interministérielle pour évoquer les différents scenarii destinés à éviter le chômage des salariés de SeaFrance.