Le chaînon manquant dans la réussite des start-ups en Tunisie

Par : Tallel

Pour beaucoup d’experts et d’analystes, la Tunisie se doit de remettre à plat sa stratégie de création d’entreprises et de start-ups. La preuve en est que, jusqu’à maintenant, le schéma a proposé a échoué, car il reposait uniquement sur 2 idées majeures.

Tout d’abord, concernant l’idée et le business plan, les efforts sont louables et bien avancés pour encadrer le promoteur du projet. Les pépinières, les pôles technologiques et autres cyber parcs ont fait un travail qu’on peut qualifier d’important.

Ensuite, il y a l’axe du financement. Dans ce domaine, la BTS (Banque tunisienne de solidarité) a fait un grand effort ; aujourd’hui le montent du prêt consenti pour un jeune diplômé peut atteindre jusqu’à 80.000 dinars tunisiens. Les SICAR complètent cet effort, dont plusieurs sont exclusivement dédiées aux nouvelles technologies et au secteur des TIC, au rang desquelles se trouve DIVA, filiale de Tunisie Télécom -qui a permis à plusieurs promoteurs de financer leurs projets.

Cependant, force est de reconnaître que certaines start-ups peinent à se développer et à prospérer. Mais la faute à qui? Certains estiment que le dernier maillon manquant à la chaine de création d’entreprises, c’est le donneur d’ordre, autrement, celui qui donne le bon de commande. En plus clair, sans marché (de projets), sans commandes, il est évident que l’entreprise est vouée à l’échec, notamment la start-up qui ne peut pas se refinancer et donc de se développer. Or, dans le modèle économique tunisien actuel, cette composante demeure peu développée.

Du coup, il y a lieu de mettre en place de nouveaux mécanismes de marché, tel que le parrainage par des structures publiques ou privées de la start-up, la Bourse de sous-traitance et même la possibilité de donner, directement, une commande à une start-up des bons de commande, c’est-à-dire sans passer par la contrainte de l’appel d’offres ni la consultation, et ce pendant les 3 premières années de sa création et pour des montants d’environ 30.000 dinars tunisiens.

D’ailleurs, fautes de projets de commandes, certaines start-ups du secteur des TIC auraient quitté les pôles technologiques et les cyberparcs de l’intérieur du pays vers la capitale Tunis, ce qui renforce sa macrocéphalie et l’hyper centralisation des activités économiques, accentuant ainsi le déséquilibre régional. C’est le cas, par exemple, du Pôle technologique d’El Ons à Sfax, malgré l’existence d’un énorme potentiel, voit certaines de ses meilleures start-ups migrer vers Tunis, parce que la plupart des appels d’offres et des consultations se font à Tunis… Une source bien informée indique dans le même ordre d’idées que la STEG de Sousse passe par le siège central à Tunis pour le choix d’une solution informatique ou pour l’achat d’un bien, ce qui pénalise fortement les entreprises de la région.

Compte tenu de tout ce qui précède, un remodelage du concept de la start-up s’impose, en y incorporant le mode de commande et en faisant l’arrimage de ces nouvelles entreprises dans l’entreprise publique mais également privée plus ancienne. C’est notamment le cas des industries électriques, dont l’unique marché, du moins au départ, c’est la STEG. D’ailleurs, il faut rappeler que la plupart des industries de ce secteur ont été créées de toutes pièces par la STEG puis cédées à des privés. Un exemple à suivre à dupliquer pour la SONEDE, l’ONAS, Tunisie Télécom, la CPG ou le GCT.

 

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