La croissance économique de la Tunisie est entachée par deux déviations majeures qui ont contribué au renversement du régime le 14 janvier 2011. La première déviation est celle de l’ampleur de la corruption et des délits d’initiés. La deuxième déviation est dans le fonctionnement des institutions économiques publiques qui ont manqué d’efficacité. Des déséquilibres sociaux se sont alors accumulés au fil des ans, en particulier au cours de la dernière décennie pour aboutir à une fracture sociale fatale.
Aujourd’hui, la Tunisie se tourne vers un système économique capable de réparer les déséquilibres et de mettre le pays sur un nouveau schéma de croissance.
L’objectif de cette note est de fournir les propositions des entrepreneurs pour leur permettre de jouer un rôle actif dans l’identification du schéma de croissance et sa mise en oeuvre au service de toutes les catégories de la population.
Le schéma de croissance auquel adhèrent les entrepreneurs est plus inclusif socialement, dans le sens qu’il doit faire participer toute les catégories de la population dans la dynamique de la croissance et la faire bénéficier de ses effets en termes d’emplois et de bien-être.
L’implication de la population doit se faire aussi, non pas par les subventions et l’assistance, qui ne peuvent être que temporaires, mais par l’amélioration de son aptitude à contribuer productivement à l’activité économique.
Les propositions formulées dans cette note sont issues d’une analyse de l’état des lieux de l’économie tunisienne et de l’opinion des entrepreneurs, interrogés par une enquête au mois de novembre 2011. L’enquête a porté sur les priorités des changements à introduire dans le fonctionnement des institutions et la contribution potentielle de l’entreprise à l’effort de croissance plus inclusive socialement.
L’élan des entrepreneurs est motivé par un double souci. Le premier vient du fait qu’ils considèrent qu’ils n’étaient pas informés de la situation réelle de l’économie, ce qui sous-entend qu’il y a aujourd’hui, comme pour tous les Tunisiens, une prise de conscience de l’ampleur de la fracture sociale. La deuxième motivation provient du doute que les entrepreneurs ont sur la sensibilisation de l’opinion publique sur la réalité de la situation actuelle de l’entreprise, de l’économie et de ce qui est nécessaire de faire pour répondre aux attentes de la population.
Les deux graphiques suivants indiquent la réponse des entrepreneurs aux questions relatives à ces deux aspects. La note présente les résultats de l’analyse et le recueil de propositions en commençant par faire le point sur l’état des lieux à propos des performances économiques et une explication de certaines limites du schéma de croissance suivi.
Il est ensuite fait état des changements à introduire pour l’émergence du nouveau schéma de croissance, le rôle que peut jouer l’entreprise dans le succès de la nouvelle orientation. Des scénarios seront enfin présentés en même temps que les actions à entreprendre pour faire réussir celui qui offre le plus d’opportunités d’emploi et de développement régional.
Graphique 1 : Le manque d’information sur l’état de l’économie
Graphique 2 : Le manque de prise de conscience de l’opinion publique sur la situation des entreprises
