ès de Rouen, le 6 janvier 2012 (Photo : Kenzo Tribouillard) |
[09/01/2012 15:32:01] PETIT-COURONNE (Seine-Maritime) (AFP) L’intersyndicale CGT-CFDT-CFE/CGC de la raffinerie de Petit-Couronne, près de Rouen, dit ne plus croire en Petroplus dont les lignes de crédit sont coupées et rechercher une alternative industrielle qui permettrait de sauver le site.
“On ne croit plus en Petroplus, il faut que l’Etat saisisse la raffinerie et la remette à un autre industriel qui s’engagerait à la relancer”, explique Yvon Scornet, délégué CGT. L’intersyndicale devait défendre ce message devant le ministre de l’Industrie et de l’Energie Eric Besson au cours d’une rencontre prévue lundi soir.
Peu importe, selon Yvon Scornet, que cet industriel soit français ou étranger. “Si l’émirat du Qatar qui vient d’acheter un club de foot veut investir dans le pétrole nous sommes preneurs”, dit ce syndicaliste.
L’intersyndicale travaille sur plusieurs pistes notamment celle de la compagnie nationale des pétroles d’Azerbaïdjan. “Elle est très engagée dans la production et l’exploration pétrolière au Moyen-Orient mais vient d’acheter des stations-service en Suisse et pourrait être intéressée par des raffineries à l’ouest”, dit Yvon Scornet.
Les syndicalistes estiment que la proposition de reprise pourrait inclure la raffinerie LyondellBasel de Berre (Bouches-du-Rhône) actuellement à l’arrêt et qui a appartenu, comme celle de Petit-Couronne, à Shell.
Elle pourrait aussi profiter à la papeterie M-Real d’Alizay (Eure), menacée de fermeture, et où un projet de production d’hydrocarbures à partir de bois est à l’étude. Selon Yvon Scornet, ce projet qui reste à valider porte sur un million de tonnes d’hydrocarbures par an qui pourraient être transformés dans la raffinerie et réduire ainsi sa demande en brut.
Concernant les modalités de reprise, ce délégué estime que la raffinerie qui compte 550 salariés devrait être cédée gratuitement à un industriel qui s’engagerait en échange à investir les 100 à 120 millions d’euros nécessaires à sa remise à niveau. “Au niveau des études nous avons tout ce qu’il faut dans les tiroirs”, assure-t-il.
Mais pour rendre crédible sa démarche, l’intersyndicale oeuvre dans le même temps pour changer les règles du jeu afin de restaurer les marges du raffinage français aujourd’hui exsangues. C’est le sens de sa proposition de loi qui vise à instaurer, par le biais d’une taxe, “une égalité de traitement” entre les produits pétroliers raffinés en France et ceux importés.
Selon l’intersyndicale, environ 40 millions de tonnes de produits pétroliers raffinés sont ainsi importés chaque année en France, soit la moitié de la consommation nationale. “Mais cette concurrence est déloyale car les importations ne supportent pas les mêmes contraintes que les productions européennes en matière de sécurité ou de normes environnementales”, assure Yvon Scornet.
“C’est comme si on prenait le départ d’un 100 m avec un gros sac à dos”, compare-t-il. Pour l’intersyndicale, cette distorsion est à l’origine des difficultés structurelles du raffinage français qui comptait 23 sites en 1980 contre seulement neuf aujourd’hui.
Cette proposition de loi pourrait être présentée dans un premier temps au Sénat, à majorité de gauche, par les groupes communiste ou socialiste. L’intersyndicale a dans le même temps sollicité un rendez-vous avec le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, pour que l’Europe s’empare aussi de cette question.