Douze mille Chinois ont visité la Tunisie durant l’année 2011 contre seulement 4.612 en 2010, soit une augmentation de 157,4%. Devrait-on vite s’en réjouir? Oui, si l’on considère que c’est assurément la hausse la plus spectaculaire du tourisme tunisien de l’année passée, mais les chiffres sont trompeurs!
«Mais enfin, de quels touristes chinois parlez-vous? Ces chiffres ne comptabilisent-ils pas les travailleurs chinois qui sont rentrés de Libye? Certes, nous avons eu quelques Chinois qui venaient d’Algérie faire du tourisme chez nous avant la révolution mais là, ces chiffres ont si peu de sens! Ah, si seulement les Chinois considéraient la Tunisie comme une de leur destination», répond un agent de voyage.
Sauf que du côté de l’administration, on s’en tient à la définition du tourisme selon l’Organisation mondiale du tourisme (OMT) selon laquelle «Le tourisme est le fait de voyager dans, ou de parcourir pour son plaisir, un lieu autre que celui où l’on vit habituellement». Mais au-delà de ces chiffres, qu’en est-il du marché? La Tunisie est-elle perçue comme une destination potentielle?
En fait, la Tunisie offre si peu à la clientèle chinoise, non pas qu’elle n’a pas d’atouts mais plutôt parce qu’elle ne parvient pas à les convertir. Depuis plus d’une décennie, tout le monde considère que le marché chinois constitue une opportunité à saisir sans succès. C’est surtout un marché qu’il faut traiter avec circonspection et prudence. Le touriste chinois n’a pas les mêmes habitudes que les autres visiteurs de différentes nationalités. Quand il voyage, il visite plus d’une contrée, ne séjourne pas plus de 3 jours au maximum dans un seul pays et a de grandes attentes de shopping, de culture, de visites…
Il y a dix ans, l’Administration du tourisme tunisien voyait la Chine comme l’eldorado et la considérait comme le marché du 21ème siècle pour le tourisme tunisien. On parlait alors de 50.000 touristes chinois par an en Tunisie. Que s’est-il passé entre temps? Rien. La Tunisie peine à attirer plus de 5.000 clients par an alors que le marché chinois s’envolait.
Cinquante-huit millions de touristes chinois ont passé des nuits à l’étranger au cours des trois premiers trimestres de 2011, soit une hausse de 22% par rapport à la même période de l’année d’avant, selon le directeur du Bureau national du tourisme de Chine, lors d’une rencontre avec des opérateurs touristiques belges en novembre dernier.
Portée par l’émergence de la classe moyenne, la vague croissante de visiteurs en provenance de Chine a profité à l’industrie européenne du tourisme. Le pays est aussi devenu, en 2010, la troisième destination des touristes internationaux et le premier pays expéditeur de touristes à l’étranger sur le plan asiatique.
L’Organisation mondiale du tourisme (OMT) annonce que la Chine devrait représenter un marché émetteur de 100 millions de touristes à l’horizon de 2020. Que de perspectives en l’occurrence!
Et si profitant de cette révolution, le tourisme tunisien faisait la sienne? Et s’il créait ce qu’il convient de produits, et si la Tunisie arrivait à se commercialiser avec l’Italie ou le sud de la France? Et si on essayait de se demander ce que savent les voyageurs chinois sur la destination? Et si la destination trouvait un moyen de capter on-line le marché?…
La Chine est le marché touristique émetteur mondial avec la plus grande croissance. Sa population est la plus branchée Internet du monde avec plus de 450 millions d’internautes dont 33% sont des «mobinautes». La Chine est le pays le plus engagé en ligne avec 92% d’internautes qui sont actifs dans les réseaux sociaux chinois, et 80% des internautes chinois recherchent et s’informent via l’Internet chinois pour le choix de leurs vacances…
Si seulement si…