à Pékin le 8 septembre 2011 (Photo : Liu Jin) |
[10/01/2012 19:14:29] NEW YORK (AFP) Le web s’apprête à vivre une révolution avec la libéralisation de la création de noms de domaine, mais cette initiative, décidée par l’organisme qui gère les suffixes sur internet, inquiète, de l’ONU au secteur privé en passant par le Congrès américain.
L’Icann, l’agence indépendante chargée de réglementer les noms de domaine sur internet pour le monde entier, va accepter à partir de jeudi les demandes déposées par des entreprises pour créer de nouveaux noms de domaines.
Cela va permettre que des adresses internet se terminent autrement qu’avec les traditionnels .com, .org, .net ou des lettres signalant divers pays (.fr, .ca, etc.).
Que ce soit pour obtenir le suffixe de leur marque (.apple, .toyota ou .nutella), d’un produit (.camera, .velo, .chaussure), ou d’un autre mot de leur choix, les sociétés ont jusqu’au 12 avril pour soumettre leur demande. L’Icann a indiqué qu’il en coûterait 185.000 dollars pour demander un nouveau suffixe, puis 25.000 dollars de frais annuels.
C’est “une révolution dans le système des noms de domaine”, estime le président de l’Icann Rod Beckstrom.
Cet élargissement est rendu nécessaire par l’explosion du nombre d’internautes, à deux milliards de personnes dans le monde, dont la moitié en Asie, explique l’Icann. Actuellement, internet fonctionne avec le standard IPv4, qui permet l’existence de “seulement” 4 milliards d’adresses.
Cela fait plusieurs années que l’Icann demande l’adoption du nouveau standard IPv6, qui permet l’existence d’environ 340 sextillions d’adresses (soit 340 fois 10 suivi de 36 zéros): suffisamment pour que mille milliard de gens disposent chacun de mille milliards d’adresses IP, selon M. Beckstrom.
Mais nombreux sont les adversaires de cette réforme.
Le mois dernier, 25 institutions internationales, dont le Fonds monétaire international, ont adressé une lettre à l’Icann pour signifier leurs inquiétudes quant à un éventuel “mauvais enregistrement et une mauvaise utilisation” de leurs noms.
L’Association nationale américaine des annonceurs et des groupes non-lucratifs tels que la fédération d’associations sportives YMCA ont vertement critiqué cette initiative lors d’une audience au Congrès le mois dernier.
Les opposants craignent qu’elle augmente le risque de fraude et d’usurpation de marques, ce qui, plaident-ils, va les forcer à consentir d’importants investissements pour se protéger.
L’Icann a tenté de désamorcer les critiques à maintes reprises. “Si quelqu’un demande .nationsunies, il aura perdu ses 185.000 dollars de frais de dossier car il n’a aucun droit à ce nom”, a expliqué à des journalistes Jamie Hedlund, vice-président de l’Icann.
Le Comité international olympique (CIO) et le Comité international de la Croix Rouge (CICR) se sont notamment entendus avec l’Icann pour que leurs noms ne soient pas enregistrés, a-t-il d’ailleurs indiqué.
L’Icann est “très sensible” aux inquiétudes soulevées par les organisations internationales le mois dernier, a toutefois souligné son président Rod Beckstrom, assurant que l’institution allait “répondre à leur lettre”.
Un panel d’expert en propriété intellectuelle permettra en outre d’arbitrer les différends opposant plusieurs candidats pour une même marque déposée, a-t-il également fait valoir.
Si l’Icann n’a donné aucun chiffre, des experts indépendants estiment qu’entre plusieurs centaines et 4.000 demandes vont être soumises d’ici le 12 avril. La liste complète des nouveaux suffixes sera publiée en mai.
Le prochain appel d’offre devrait intervenir d’ici deux ou trois ans.