à Washington. (Photo : Paul J. Richards) |
[11/01/2012 17:50:37] WASHINGTON (AFP) Un emblème de la gastronomie populaire américaine est ébranlé: le pâtissier industriel Hostess Brands, producteur du petit gâteau Twinkie qui a nourri des générations d’amateurs de sucre, a déposé le bilan mercredi.
Hostess, qui a son siège à Irving (Texas, Sud), s’est placé sous la protection d’un tribunal des faillites de New York, étranglé par les dettes et les problèmes de compétitivité. C’est la deuxième fois pour lui depuis 2004.
L’entreprise n’est pas cotée et ne publie pas de données financières. Elle emploie environ 19.000 personnes.
La nouvelle de ses difficultés, révélée par le Wall Street Journal mardi, a suscité un élan de nostalgie dans les médias pour son produit-phrare, le Twinkie.
Cette génoise ultramoelleuse, fourrée avec une grosse quantité de crème industrielle, a une quantité de sucre (42% de la composition) et de graisse (10%) qui a de quoi heurter les palais délicats. Mais pour beaucoup d’enfants, c’est un régal.
Le produit a été inventé en 1930, sur fond de crise économique, selon la légende pour utiliser des machines qui ne tournaient pas en dehors de la saison des fraises.
Favori des enfants et des amateurs de sucre, son succès ne se tarit pas pendant des décennies. Emballés individuellement, les petits gâteaux sont emportés partout, mangés nature mais aussi frits. Mais les campagnes de sensibilisation contre l’obésité et en faveur de meilleures habitudes alimentaires ont fini par peser sur les ventes de Twinkies.
La presse citait une estimation du cabinet SymphonyIRI selon laquelle 36 millions de paquets ont été vendus en 2011, en baisse de 2% sur un an. La friandise n’est plus aussi populaire dans les cours de récréation qu’il y a une vingtaine ou une quarantaine d’années.
Autre produit important de Hostess, le pain de mie blanc a été largement supplanté dans les caddies par des pains de mie aux céréales, réputés plus sains.
îte de Twinkies (Photo : Paul J. Richards) |
D’après la direction, le problème vient des accords d’entreprise, qui génèrent des coûts salariaux et de retraite intenables.
Elle n’envisage pas de changement dans sa gamme, et a affirmé dans un communiqué que l’entreprise avait “un potentiel formidable” et “certaines des marques les plus puissantes et résistantes du secteur”.
Le Twinkie a pour réputation d’être bourré de conservateurs. “On a tous entendu ces blagues. C’est du genre: les Twinkies ont une demi-vie plus longue que le plutonium 239”, lisait-on sur un blog du Wall Street Journal. D’autres affirment que le Twinkie serait le seul aliment à résister à une guerre nucléaire.
Le Twinkie est une référence de la culture populaire américaine.
En droit par exemple, la “ligne de défense Twinkie” désigne une manière improbable de rejeter sa responsabilité, à l’instar de l’assassin de deux hommes politiques de San Francisco en 1978, dont la consommation excessive de Twinkies aurait été un symptôme de dépression.
Dans le film “Ghostbusters” (“SOS fantômes”), succès mondial de 1984, un personnage évoque un Twinkie de près de 300 kg pour expliquer une anomalie dans les relevés d'”énergie psychokinétique”.
Un film de série B de 2009, “Bienvenue à Zombieland”, met en scène un exterminateur de zombies obsédé par des Twinkies en voie de disparition.
Ce cauchemar pourrait-il devenir réalité? C’est ce que craignaient certains.
“Je n’avais pas de problèmes avec la faillite de Lehman, avec Madoff, ou même celle d’American Airlines. Mais je pourrais avoir besoin d’un soutien sérieux pour celle de Hostess”, écrivait la comédienne Ruth Buzzi sur Twitter.
Les internautes étaient partagés entre inquiétude et bons mots.
“Les amateurs de Twinkie frit prévoient une manif une fois qu’ils auront réussi à sortir de leur canapé”, plaisantait un utilisateur sous le pseudonyme de fbonacci.
Mais Hostess ne prévoit pas de pénurie pour le moment: tous les produits du groupe “resteront disponibles et en magasins”, a souligné le groupe.