électronique grand public (CES) à Las Vegas (Photo : David Becker) |
[12/01/2012 07:37:15] LAS VEGAS (Etats-Unis) (AFP) Commander une télévision à la voix ou d’un geste de la main, rafraîchir une page internet du regard : avec de nouvelles interfaces, la perspective d’un avenir sans boutons, clavier, souris ni même d’écran tactile commence à émerger.
“Les appareils d’aujourd’hui sont de plus en plus intelligents”, à commencer par les télévisions qui s’ouvrent désormais à l’univers internet, remarque Derek Li, le patron de la société américaine Zienon, exposant au salon mondial de l’électronique grand public (CES) à Las Vegas (Nevada, ouest des Etats-Unis).
Or selon lui, les interfaces avec l’utilisateur accusent un tel retard sur cette évolution que “c’est comme les PC qui dans les années 1980 n’avaient qu’un clavier et pas de souris”.
La modernité, selon M. Li, c’est que les télévisions puissent être commandées à distance, soit avec des accessoires évoquant la manette de la console de jeu Wii (Nintendo), soit même sans la moindre manette, comme le permet son système AirMove de capteurs de mouvements à distance.
Le système de jeu sans manette Kinect de Microsoft a marqué un tournant fin 2010, en donnant la preuve que des capteurs de mouvements et de voix pouvaient faire fonctionner une console.
Les ventes de Kinect ont dépassé tous les espoirs, avec plus de 18 millions de périphériques vendus en 2011, et cela a donné un élan à l’ensemble du secteur travaillant à ces nouvelles interfaces.
Si, à l’inverse, “le Kinect avait été un flop, on aurait mis des années à s’en remettre”, note Virgile Delporte, vice-président marketing chez SoftKinetic, une société belge spécialisée dans la reconnaissance gestuelle, avec une technologie de capture des mouvements concurrente de celle développée pour Kinect.
“La première application est ludique”, note M. Delporte, puis paramédicale, avec l’analyse des mouvements de patients en maison de retraite ou en kinésithérapie, et même sportive, pour perfectionner un swing de golf par exemple.
Mais à terme, “cela va débarquer dans le monde des laptops et des tablettes”, pour des applications qui restent encore à imaginer.
Le patron de Microsoft Steve Ballmer a déjà annoncé mardi que Kinect serait compatible avec les ordinateurs sous Windows dès le 1er février, et certains n’ont pas attendu pour imaginer une application commerciale.
La société britannique BodyMetrics parie ainsi sur une utilisation des systèmes de reconnaissance corporelle par le secteur de la distribution, en magasins pour aider par exemple au choix de la bonne coupe de jean, et surtout à la maison, pour faciliter les achats en ligne.
“Entre 30% et 40% des habits achetés en ligne sont renvoyés” parce que les internautes trouvent qu’ils ne leur vont pas, note le patron de BodyMetrics Suran Goonatilake. Mais tout pourrait changer si l’internaute était en mesure de reproduire sa silhouette sur ordinateur grâce à un système de type Kinect, et d’enfiler virtuellement des vêtements : le programme pourra alors éviter les mauvaises surprises en montrant ceux qui sont trop justes ou trop flottants.
Egalement sur le point de débarquer dans les ordinateurs classiques, la technologie de suivi des regards par capteur infrarouge, ou oculométrie, développée par le suédois Tobii.
Utilisée depuis des années pour étudier la réaction des consommateurs dans les enquêtes de marché, par exemple, cette technologie a atteint un tel point de raffinement que le fondateur de Tobii John Elvesgo peut rafraîchir une page internet, ou démarrer l’application musicale Spotify, d’un simple regard, sur “le premier laptop contrôlé par les yeux”.
“Les données brutes fournies par le regard sont très difficiles à interpréter”, note-t-il, mais aujourd’hui le système est prêt à installer sur des appareils grand public, y compris jeux et ordinateurs. La finesse de réactivité du système attirait mercredi l’attention d’ingénieurs de Hewlett-Packard.