éroport Charles de Gaulle à Roissy (Photo : Eric Piermont) |
[12/01/2012 05:42:43] PARIS (AFP) Plombée par des pertes estimées à plusieurs centaines de millions d’euros, Air France, dont la réputation a été ternie par le crash du Rio-Paris, annoncera jeudi des économies cruciales pour restaurer sa compétitivité et rassurer sur l’avenir du groupe qu’elle forme avec KLM.
Le ministre des Transports Thierry Mariani a déclaré mercredi avoir appris avec satisfaction qu’Air France ne prévoyait pas de réduire l’emploi dans ses efforts de redressement. “J’ai reçu hier (mardi) pendant une bonne heure Alexandre de Juniac (PDG d’Air France) parce que la situation d’Air France me préoccupe”, a déclaré le ministre à l’AFP. “Il m’a exposé la situation financière de la compagnie (…) les orientations pour restaurer la compétitivité et les mesures en vue du rétablissement financier”. Le ministre a noté “avec satisfaction qu’aucune mesure ne touche à l’emploi”.
Le conseil d’administration du groupe franco-néerlandais se tiendra mercredi à Amsterdam, avant un conseil de la compagnie française près de Paris jeudi. Le même jour, le plan d’urgence sera présenté aux représentants des quelque 58.500 salariés d’Air France.
Après avoir subi de plein fouet la concurrence des compagnies à bas coûts en France et en Europe, où sa rentabilité n’a eu de cesse de se dégrader, Air France est malmenée par les transporteurs d’Asie et du Golfe, particulièrement offensifs.
Air France-KLM s’est toujours refusé à divulguer l’ampleur des pertes de la compagnie française. Mais un rapport du cabinet d’audit Secafi, publié dans la presse, fait état d’un trou d’environ 300 millions d’euros en 2011 pour l’ensemble du groupe, qui sera au mieux à l’équilibre cette année. Air France, principal foyer de pertes, restera déficitaire au moins jusqu’en 2013, selon cette étude.
écembre 2011 à Toulouse (Photo : Pascal Pavani) |
Dès son arrivée mi-novembre à la tête d’Air France, après l’éviction de l’ancien directeur exécutif du groupe Pierre-Henri Gourgeon, Alexandre de Juniac n’a pas caché la gravité de la situation. Mais il a exclu des suppressions d’emplois, hors “solution de dernier recours”. Les syndicats eux-mêmes reconnaissent qu’Air France est dans une position délicate. Dans un courrier qu’il leur a adressé mi-décembre, le nouveau patron explique que le train d’économies touchera “toutes les entités de l’entreprise, tous types de dépenses et toutes les catégories de personnel, à commencer par l’équipe de direction”. Il ne prévoit d’épargner que “les investissements liés à la sécurité des vols” — le drame du Rio-Paris étant encore dans tous les esprits –, et les services aux clients.
Pour les experts, le gel des salaires, l’arrêt de lignes non rentables, le recours à la vente-crédit bail des avions, ou le gel des investissements non urgents et le report de livraisons d’appareils sont autant de mesures attendues jeudi.
Selon les syndicats, la direction devrait chercher à dégager plus encore que les 700 à 800 millions d’euros d’économies sur trois ans qu’elle avait évoqués en septembre.
Pour rester dans la course, Air France a déjà initié la restructuration de son réseau domestique, avec la mise en place progressive de bases en province (d’abord Marseille, puis Toulouse, Nice et Bordeaux). Avec une utilisation accrue de sa flotte et une augmentation du temps de travail des personnels basés dans ces villes, la direction compte réduire ses coûts de 15%.
Air France devra s’attaquer à la productivité de ses navigants, inférieure à celle de Lufthansa ou British Airways, estiment néanmoins les analystes financiers.
Pour atténuer ces zones d’ombre, Air France-KLM a vu son trafic passagers progresser de 8,4% l’an passé, avec 75,78 millions de passagers sur ses lignes. En Europe, la hausse atteint même 8,8% avec 51,8 millions de passagers.
Mardi, la compagnie a enfin confirmé l’achat de 25 Boeing 787, le dernier-né des longs-courriers du constructeur américain, plus économe en carburant.