Petroplus muet sur l’avenir de Petit-Couronne, son patron convoqué à Bercy

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à Matignon à Paris (Photo : Joel Saget)

[12/01/2012 19:49:09] PARIS (AFP) Le patron de Petroplus a été convoqué jeudi à Bercy pour faire le point sur la raffinerie française de Petit-Couronne, après la conclusion d’un accord de financement qui n’évoque pas l’avenir de ce site déjà mis à l’arrêt et dont les salariés engrangent les soutiens politiques.

Le raffineur, qui négocie depuis décembre pour obtenir une ligne de crédit d’un milliard de dollars indispensable pour poursuivre ses achats de pétrole brut, a annoncé mercredi avoir trouvé un “accord provisoire” avec ses créanciers.

Il a expliqué qu’il devrait recevoir des fonds pour financer ses dépenses essentielles et garantir la sécurité des opérations dans ses raffineries de Coryton (Grande-Bretagne) et d’Ingolstadt (Allemagne). Il s’est dit par ailleurs en négociation avec “une tierce partie concernant l’alimentation en pétrole brut et en matières premières” de ces deux raffineries.

En revanche, le groupe suisse a gardé bouche cousue sur l’avenir de trois autres de ses raffineries, qui ont déjà été mises à l’arrêt au début du mois, et dont les salariés se battent désormais pour échapper à une fermeture définitive. Il s’agit de Petit-Couronne en Seine-Maritime (nord-ouest de la France), Anvers en Belgique et Cressier en Suisse.

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à Paris (Photo : Fred Dufour)

Face à ce silence inquiétant, le ministre de l’Industrie et de l’Energie Eric Besson a tapé jeudi du poing sur la table, se disant “choqué par cette annonce qui n’a fait l’objet d’aucune information préalable auprès des salariés des raffineries concernées”.

Il reçu dans l’après-midi le PDG du groupe suisse, Jean-Paul Vettier, pour qu’il s’explique sur l’avenir du site et de ses 550 employés, et il s’est dit lui-même “convaincu de l’avenir industriel” de cette raffinerie.

A l’issue de cette réunion qui s’est déroulée à huis clos, M. Vettier s’est engagé “à informer dans les prochains jours les salariés de la raffinerie de Petit-Couronne sur l’avenir du site”, a indiqué le ministère dans un communiqué.

M. Besson a indiqué que l’Etat “mobiliserait l’ensemble des moyens juridiques et opérationnels à sa disposition pour contraindre” si nécessaire Petroplus “à assumer ses responsabilités sociales, industrielles et environnementales”.

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Anvers le 2 janvier 2012 (Photo : Benoit Doppagne)

Le ministre, qui avait déjà reçu lundi les salariés et syndicats de Petit-Couronne, réunira également vendredi des représentants de l’ensemble de la filière française du raffinage, dans le but de les “mobiliser”.

De son côté, l’intersyndicale de Petit-Couronne a répété qu’elle avait perdu confiance dans Petroplus et que pour elle, la seule solution pour sauver le site était la recherche d’un repreneur.

Les syndicats du site réclament par ailleurs l’instauration d’une taxe sur les importations de produits pétroliers, qui restaurerait les marges du secteur français du raffinage, aujourd’hui exsangues.

Et ils continuent à engranger les soutiens politiques, plaçant leur lutte pour la survie du site au coeur du débat sur la “réindustrialisation” de la France. Sept des candidats à l’élection présidentielle, y compris l’écologiste Eva Joly et le socialiste François Hollande, se sont déjà rendus à leur invitation à Petit-Couronne, la dernière en date étant Nathalie Arthaud de Lutte Ouvrière.

Les difficultés de Petroplus s’inscrivent dans une crise générale du secteur européen du raffinage, victime de surcapacités chroniques qui poussent les groupes pétroliers à céder ou fermer leurs raffineries les uns après les autres.

Certains analystes avaient évoqué fin décembre un “risque de faillite” de Petroplus, dont la valeur boursière a été divisée par dix en un an. Cependant, l’accord annoncé mercredi a été salué par les investisseurs, le cours de Petroplus ayant grimpé de près de 16% ce jeudi à la Bourse suisse.