Le logo du groupe Total (Photo : Boris Horvat) |
[13/01/2012 08:09:50] TOKYO (AFP) Le groupe pétrolier français Total va investir avec son homologue nippon Inpex dans un projet gazier géant de 34 milliards de dollars en Australie, qui fournira près de 9% de la consommation annuelle du Japon très dépendant du gaz après Fukushima.
Inpex et Total ont confirmé vendredi dans des communiqués distincts avoir pris la décision finale d’investissement sur le projet Ichthys, qui doit produire 8,4 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié (GNL) par an.
Inpex est propriétaire de 72,8% de la coentreprise chargée du projet et Total y participe à hauteur de 24%, les 3,2% restant étant partagés entre trois compagnies gazières nippones. Les actionnaires se répartiront l’investissement à hauteur de leurs parts, soit plus de 8 milliards de dollars pour Total.
Le gaz sera extrait dans le bassin océanique de Browse, au large de l’Etat d’Australie Occidentale, traité sur place puis envoyé via un gazoduc de 889 km vers Darwin (nord de l’Australie), où le gaz sera liquéfié avant d’être exporté par bateau.
D’après Total et Inpex, l’usine de liquéfaction de Darwin représentera “l’une des plus grandes installations de GNL au monde, pour des réserves gazières évaluées à 40 ans d’exploitation dans ce champ du bassin de Browse”.
Outre le GNL, d’autres hydrocarbures seront produits: 1,6 million de tonnes de gaz de pétrole liquéfié par an et 100.000 barils de produits condensés par jour.
L’Asie tire actuellement la demande et les prix de gaz naturel –et notamment de GNL– dans le monde, alors que l’important marché nord-américain est brusquement devenu auto-suffisant avec le développement éclair du gaz de schiste aux Etats-Unis.
Le patron de la branche exploration & production de Total, Yves-Louis Darricarère, a souligné que Total renforçait ainsi son implantation dans le GNL en Asie, “marché qui affiche la plus forte croissance et qui offre les meilleurs prix”.
Le ministre australien de l’Energie, Martin Ferguson, a salué un projet “qui créera des milliers d’emplois, stimulera l’économie et rapprochera l’Australie de la place de premier exportateur mondial de GNL”, actuellement détenue par le Qatar.
Quelque 3.000 personnes travailleront à la construction de l’usine de liquéfaction confiée à un consortium nippo-américain et 1.000 à la mise en place des installations maritimes. Environ 700 employés géreront la production, une fois celle-ci démarrée.
“Le projet Ichthys est le plus important investissement jamais effectué par le Japon comme par la France en Australie”, a souligné le ministre dans un communiqué.
Pour le Japon, ce projet tombe à pic, dix mois après l’accident nucléaire de Fukushima qui a entraîné l’arrêt forcé ou par précaution de la plupart des réacteurs du pays.
La troisième puissance économique mondiale, dépourvue d’énergies fossiles et première importatrice de GNL au monde, dépend davantage aujourd’hui de ses achats à l’étranger pour sa production d’électricité.
Quelque 70% du GNL issu d’Ichthys sera envoyé vers le Japon, d’après un porte-parole d’Inpex, ce qui représente entre 8 et 9% du gaz consommé dans l’archipel cette année. Des contrats de fourniture ont été conclus avec sept compagnies électriques et gazières nippones.
Environ 10% du GNL sera remis à une filiale de Total et les 20% restant seront vendus à Taïwan par une entreprise locale, CPC.
“Ichthys va assurer un approvisionnement de long terme en énergie plus propre au Japon et l’aider à diversifier ses ressources”, a souligné le président d’Inpex, Naoki Kuroda.
Outre le gaz naturel, l’archipel fait tourner nombre de ses centrales thermiques au charbon dont il est aussi le premier importateur mondial, ce qui augmente ses émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique.