Soirée du 12 janvier devant le petit écran mériterait un titre, celui d’une sacrée soirée! Commençons par le film diffusé sur Al Arabiya. Celui-ci a soulevé la colère des Tunisiens. Ressemblant à une partie de Cluedo en version audiovisuelle, il ambitionne de relater les dernières heures du régime de Ben Ali.
Le film crée aussitôt la polémique. En moins de quelques heures, plus de 15.000 commentaires s’abattent sur la page Facebook de la chaîne, décriant ce que les internautes appellent manipulations, désinformations, contre vérités…
On y voit un Ben Ali conciliant et calme, se faisant consoler par une diseuse de bonne aventure. On y montre ses filles pleurer et désemparées dans leurs volontés de le sauver…
L’agitation au sein des troupes de Ben Ali est à son comble, lorsqu’un invité surprise débarque dans la reconstitution, il s’agit de Rached Ghannouchi. Seriati informe Ben Ali que celui-ci va probablement rentrer… Une manière maladroite et malhonnête d’introduire le personnage dans la révolution tunisienne afin d’en écrire une certaine vision. Cette vision est aussitôt contestée par la jeunesse qui s’est lâchée sur les réseaux sociaux, invitant Al Arabiya à ne pas déformer l’histoire en la diluant dans sa sauce golfique!
En gros et en attendant le reste des deux épisodes, le film d’Al Arabiya invite à retenir que Ben Ali a été induit en erreur, que ses ministres tremblaient pour lui… Et bien entendu que les Trabelsi sont les seuls vrais méchants! Un pseudo film qui nuit à la révolution tunisienne.
Les rapports de la Tunisie avec l’Arabie Saoudite où se rend le Premier ministre Mohamed Jebali sur invitation de Riyad, sont tendus depuis que le royaume a donné l’asile au président déchu. Pourquoi l’Arabie saoudite produit-elle pareil film? Cherche-t-elle à redorer le blason de Ben Ali? Cherche-t-elle à le réhabiliter? Qui a peur de la révolution tunisienne au point de chercher à l’entacher? Que craignent les Saoudiens?
Quelques minutes avant la transmission du film d’Al Arabiya, c’était au tour de Mohamed Ghannouchi, de réapparaître sur El Wataniya. Un entretien où l’ancien Premier ministre revenait sur les faits en détails sur ce fameux 14 janvier, niant certains des propos qui lui sont attribués. Pourquoi Ghannouchi se décide-t-il à parler maintenant? Qu’a-t-il dit qui justifie son passage à une heure de grande écoute et quelle réécriture de la révolution veut-on faire dans un contexte tendu politiquement? Pourquoi se décider à révéler au grand jour une dimension coup d’Etat la veille d’une fête qui tout porte, à le croire, n’aura pas lieu.