C’est vrai que l’économie va mal, c’est vrai que les gens font des sit-in leur pain quotidien, mais je préfère mille fois cela à ce géant souriant qui nous pourrissait la vie, depuis si longtemps. Je préfère mille fois des médias qui en font trop, plutôt que des médias marionnettes, et des Tunisiens qui regardent France 2.
Le ras-le-bol, et le courage qu’on a eu…
N’est-ce pas une leçon de courage sans égal…? Dans une dictature policière, tenue par une main de fer par un inculte et ripou, marié de plus (un malheur n’arrivant jamais seul) à une vampe, d’une famille de vampes, assoiffés de pouvoir et d’argent. J’ai honte pour eux, et honte pour nous tous si braves que nous sommes, d’avoir été spoliés et réduits à des fourmis ouvrières, qui travaillent en silence, bouche cousue. Pour que monsieur touche le jackpot du promo-sport et du 26-26. Honte à lui, mais plus que cela, je pense qu’on est si mal tombés, car tombés dans les mains dans un psychopathe. Sinon comment appeler quelqu’un qui ramasse les billets, jusqu’à chez lui, dans son garde robe? Je suis alors, dans ce sens, si fière des sit-in, des revendications en tout genre, car si cela veut dire une chose, c’est que l’on ne permettra plus jamais ça dans ce pays. Plus jamais. Finie la bouche cousue! Je suis si fière des femmes et des hommes de mon pays, qui étaient dans la rue, qui ont osé crier «dégage».
Le stade du non
L’enfant passe par le stade du non vers 3 ou 4 ans, pour grandir et bâtir sa personnalité. Alors il dit systématiquement non. Il rejette l’autorité parentale, mais c’est plus complexe et plus délicat que cela, car il la rejette, mais il y ressemble aussi. Il finit par construire son propre équilibre –dynamique et non point figé- entre ce qu’il veut être lui, ses aspirations à lui, sa liberté à lui, et la sécurité, la sagesse, sinon la réserve d’amour, que représentent papa et maman. Eh bien, nous on est pareil. Laissez-nous dire non. C’est notre stade du non. On a tellement dit oui, ou pire, baissé la tête, sans mot dire.
L’économie, on va la rebâtir, nous, mais probablement avec des règles de partage de la richesse (entre capital et travail) qui soient plus équitables. L’investisseur ne voudra plus venir chez nous? Eh bien… qu’il sache que l’on n’a pas la mentalité du petit Chinois par ici, qui travaille 16h d’affilée pour des miettes. Et non, désolée! Et peut-être que cela nous poussera collectivement à penser à de nouveaux modèles de développement… qui puissent mettre en valeur nos avantages concurrentiels (en tant que pays), avec des produits ou des services à forte valeur ajoutée, au lieu de se noyer dans une concurrence perdue d’avance, celle du dumping social…
On sait faire plein de choses dans ce pays, seulement on a oublié! On a délaissé nos terres, nos savoir-faire, pour aller s’enfoncer le doigt dans l’œil, et vendre du tourisme à 200 euros la semaine, ou du textile en sous-traitance sèche, avec 90% de la charge de travail, et pratiquement 0% de valeur ajoutée. Courir dans une course perdue d’avance, car la Chine et l’Inde seront toujours –ou très longtemps- moins chères! Il nous faut un économiste de la force et de «l’égoïsme» de Mme Thatcher dans ce pays! Pour remettre les pendules à l’heure…
Révolution ou pas révolution…?
Je trouve cette phrase irritante. Il paraît que c’était un pur concours de circonstances. Il paraît que le ripou ne comptait pas partir, mais juste accompagner son fils, et revenir nous bombarder autant qu’il le faut, pour qu’on se taise et qu’on reprenne nos habits de peur. Il paraît oui… sauf qu’entre temps, il avait bien fourré tous les siens dans un avion parce qu’il avait peur, parce qu’il voyait que c’était différent cette fois. Et qui a été l’artisan de cela? On nous a donné des comprimés peut-être pour avoir du courage? Ben non, c’était nous, c’était bien nous.
C’est la foule, c’est nous, c’est vous, c’est les jeunes de FB et de Twitter, qui entendaient parler de la cave du ministère de l’Intérieur, mais qui s’en foutaient! Insouciance des jeunes? Soit. Ça nous apprendra à élever nos enfants autrement.
Alors de grâce, arrêtez la logique de la conspiration internationale, des Etats-Unis partout… et j’en passe. Peut-être que le monde est régi par des lobbies puissants, l’armement en premier, la finance et le pharmaceutique… peut-être même que c’est certain, allez! C’est vrai que les chefs d’Etat, les Obama, Sarkosy, etc., ne sont que des pions aux mains de ces lobbies, on le sait ça d’accord. Mais qui ose dire que les rues n’étaient pas noires de monde? Qui ose dire que le bassin minier n’avait pas explosé et donné une leçon aux petits citoyens peureux, «khobzistes»? D’où est né ce soulèvement… Décidément, il n’y pas vraiment de «khobzistes» dans ce pays. Mais autant de rebelles.
Intelligence, ou conscience collective…?
On dit que quand on veut on peut. C’est un de ces diktats de la psychologie positive, qui sert à rebooster la confiance, le self-esteem et tout le tralala. Je vais aller plus loin, ce n’est même pas une question de psycho. C’est physique. Et cela s’appelle la conscience collective. Pour faire très simple, quand on veut quelque chose, on l’attire, alors elle arrive, on l’obtient. Quand on pense quelque chose, à plusieurs, quand on le désire à plusieurs (que dire à l’échelle d’un peuple), alors on l’attire (assez fort) et il arrive… Non, ce n’est pas des tergiversations, renseignez-vous, toute la connaissance (ou presque) est disponible dans le domaine publique.
La chute de ce raisonnement? Eh bien, continuons à partager, à communiquer, à dire notre colère sur ce qui ne va pas, sur ce qui n’est pas acceptable, à réclamer une dignité d’humains, une dignité basique et toute simple, mais qu’on nous vole aussi.
C’est pour cela que j’aime l’écriture, ça permet de partager, et donc de diffuser une énergie, de faire bouger les choses, doucement mais sûrement. Energie invisible, oui, pour le moment, puisque la science ne sait pas encore la mesurer. Mais on croyait que la terre est plate avant aussi. La science c’est une question de temps, c’est tout.
Bon 14 janvier à nous tous!