14 h30 : c’est le 14 janvier, après avoir fini son déjeuner à Sidi Dhrif vers 14h30, Leila se prépara pour aller faire la sieste lorsqu’elle apprit la mutinerie de la BAT (Brigade Anti terroriste), elle prit la décision de quitter le pays. Elle s’empressa de faire ses bagages et se rendit au palais de Carthage, rejoindre son époux, avec son fils, sa fille Halima et son gendre Mehdi Ben Gaied.
16h : Ali Seriati se trouvait dans ses offices. Après avoir pris connaissance des différentes menaces (intox apparemment) (cinq mille personnes qui se seraient regroupées pour prendre d’assaut le palais de Carthage, l’approche d’un hélicoptère non identifié, frégates de la garde nationale qui auraient pu représenter des menaces) en plus de l’information confirmant que la BAT avait pris le contrôle de l’aéroport civil de Tunis-Carthage avec la famille Trabelsi en otage ; en analysant la situation, il s’est dit qu’un coup d’Etat était en marche et décida de faire une prière de consultation (Salat Al-istikhara). Il y avait deux issues: en tant que responsable direct de la sécurité présidentielle, rester protéger coûte que coûte la vie de Ben Ali, face à une marée humaine et provoquer bain de sang ou en tant que militaire ayant prêté serment, protéger la nation et les citoyens tunisiens. Le seul moyen était de convaincre Ben Ali d’accompagner sa famille en Arabie Saoudite.
16h15, en se rendant près du président, il a entendu Leila, Halima, Mohamed ainsi que Mehdi ben Gaied (qui devaient se rendre seuls en Arabie Saoudite) discuter avec Ben Ali pour le convaincre de les accompagner aux pieds de l’avion. Voyant l’hésitation de l’ancien président, il a fallu intervenir «Allez Mr le Président, on va à l’aéroport, après on verra»…
Sur la route, Ali Seriati avait demandé à Elyes Zalleg de contacter Samir Tarhouni afin de comprendre ce qui se passe, c’est alors que Tarhouni lui dit «Viens, rejoins-nous si t’es un homme» et raccrocha. Surpris, Zalleg rappela Tarhouni. Après avoir constaté que son ancien camarade ne prend pas position de son côté, Tarhouni annonça : «Tu ne veux être de notre côté? Si tu viens, c’est ta tête que je couperais…»
Au pied de l’avion, Ben Ali avait d’ores et déjà dit au revoir à sa famille qui était déjà à bord. Seriati a appris alors que les unités de l’USGN (Unités de la Sécurité de la Garde Nationale) avaient pris position avec les mutins de la BAT et alla convaincre Ben Ali de prendre l’avion. C’est ainsi qu’il demanda à Zalleg de venir répéter ce que Tarhouni lui avait annoncé au téléphone, Ben Ali prit conscience du danger qui se présentait et décida de prendre l’avion, en demandant à Seriati d’attendre sa fille Ghazoua qui allait arriver avec son époux Slim Zarrouk, afin de leur permettre de partir aussi…