éen aux Affaires économiques Olli Rehn le 9 janvier 2012 à Londres (Photo : Anthony Devlin) |
[14/01/2012 13:21:08] PARIS (AFP) “Aberrant”, “à contretemps”: depuis le début de la crise de la dette, le calendrier des annonces des agences de notation financière suscite régulièrement la colère des dirigeants de la zone euro, dont certains n’hésitent pas à parler de “complot”.
La décision de Standard & Poor’s (SP) de dégrader la note de neuf pays de la zone euro, dont la France privée de son précieux triple A, est intervenue vendredi pile au moment où l’Union monétaire voyait poindre une accalmie, avec des Bourses stabilisées et une détente sur les taux obligataires.
“Je reste étonné du moment choisi par l’agence Standard and Poor’s et sur le fond, de son évaluation qui ne prend pas en compte les progrès actuels”, a pointé samedi dans une déclaration à l’AFP le commissaire européen aux Services financiers, Michel Barnier.
Le Premier ministre François Fillon a renchéri de son côté que la dégradation de la note de la France arrivait “à contre-temps au regard des efforts engagés par la zone euro, des efforts que les investisseurs d’ailleurs commencent à reconnaître”.
Le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn avait été le premier à monter au créneau dès vendredi pour “regretter la décision aberrante” de S&P. Ironique, il a assuré avoir auparavant “vérifié que le moment n’a pas été choisi au hasard”, vendredi 13 oblige!. Pour l’anecdote, le calendrier 2012 en compte deux autres à venir, en avril et en juillet.
S’il y a rarement de bons moments pour annoncer les mauvaises nouvelles, le fait est que les annonces de S&P, ou de ses rivales Moody’s et Fitch sont particulièrement mal tombées pour la zone euro au cours des derniers mois.
s (Photo : Eric Piermont) |
Standard & Poor’s avait déjà jeté un froid le 5 décembre, en annonçant la mise sous surveillance de 15 des 17 pays membres de la zone euro (qui a abouti à la décision de vendredi) à trois jours d’un sommet européen présenté par de nombreux observateurs comme vital pour la survie de la monnaie unique.
Après cette annonce, plusieurs personnalités politiques avaient d’ailleurs évoqué un “complot” contre la zone euro.
Le chef de file des socialistes au Parlement européen, l’Allemand Martin Schulz, avait jugé en décembre “étonnant que de tels avertissements soient toujours publiés avant les sommets européens et semblent rendus publics de manière calculée”. “Cela est très suspect”, avait-il jugé.
Une dizaine de jours plus tard, Fitch a menacé le 16 décembre d’abaisser la note des dettes souveraines de six pays, dont l’Italie, au moment même où Rome remportait un important vote de confiance ouvrant la voie à un plan d’austérité drastique pour tenter de redresser ses finances publiques.
En France, l’annonce de la perte du triple A de S&P est tombée à 100 jours pile du premier tour de l’élection présidentielle, le 22 avril.
Moody’s, Standard & Poor’s et Fitch, les trois grandes agences de notation mondiales surnommées les “Big Three”, ont à de nombreuses reprises été conspuées pour leur rôle dans les crises économiques à travers le monde depuis leur création au début du siècle dernier.