Air France : perte d’exploitation 2011 supérieure à 500 millions d’euros, des lignes supprimées

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éroport de Roissy (Photo : Eric Piermont)

[14/01/2012 17:21:14] PARIS (AFP) Le PDG d’Air France Alexandre de Juniac a annoncé aux salariés que la perte d’exploitation de la compagnie dépasserait les 500 millions d’euros en 2011 et la fermeture de certaines lignes, a indiqué à l’AFP une source syndicale, confirmant une information du site internet des Echos.

“De Juniac a annoncé que le déficit du résultat d’exploitation d’Air France seule sera supérieur à 500 millions pour l’année 2011”, a déclaré samedi à l’AFP un représentant syndical.

Le PDG n’a pas évoqué les pertes pour le groupe Air France-KLM, mais il a cité parmi les prochaines fermetures de lignes, les escales d’Orlando en Floride et d’Abou Dhabi dans le Golfe, a-t-on ajouté de même source.

Interrogée, la direction d’Air France n’a pas souhaité commenter le chiffre des pertes de 2011. “Nous ne communiquons pas sur les résultats compagnie par compagnie et les résultats annuels du groupe Air France-KLM ne seront publiés que le 7 mars prochain”, a déclaré samedi à l’AFP un porte-parole.

Jeudi soir, le patron d’Air France avait indiqué, lors de la présentation d’un plan d’économies sur trois ans, que les pertes de la seule branche court et moyen-courrier d’Air France-KLM s’élevaient à 700 millions d’euros en 2011.

Mais il n’avait pas dévoilé de chiffre concernant la seule compagnie Air France, principal foyer de pertes du groupe.

Une source interne avait indiqué à l’AFP que la réduction des coûts tels que frais de publicité, frais généraux, de déplacement, de consulting ainsi que les frais informatiques seraient de 155 millions d’euros sur trois ans.

Concernant les frais d’hébergement des équipages, la hausse de la productivité de la maintenance, les économies atteindront 255 millions. Les mesures relatives aux ressources humaines (maîtrise de la masse salariale, etc.) seront de l’ordre de 420 millions, selon la même source.

Jeudi, Air France-KLM a annoncé une cure d’austérité pour économiser d’ici à 2014 plus de deux milliards d’euros en réduisant notamment les investissements et en gelant les embauches. Pour l’heure, il n’y a pas eu de mesures radicales concernant l’emploi, “un dernier recours” selon le PDG.

Pour améliorer productivité et rentabilité, Air France a néanmoins dénoncé plusieurs accords collectifs existants pour réorganiser le travail des personnels navigants (pilotes, hôtesses et stewards) et au sol, ce qui aura des conséquences en matière d’emploi.

Comme Lufthansa et British Airways, Air France subit en France et en Europe la concurrence des compagnies à bas coûts et sur les long-courriers l’offensive des compagnies d’Asie et du Golfe.

Mais de nombreux spécialistes ont pointé du doigt le retard pris par la compagnie tricolore pour se restructurer en profondeur et amorcer une véritable révolution culturelle en renégociant les accords sur les salaires.

Un pilote d’Air France, sous couvert d’anonymat, a toutefois déploré le procès fait aux navigants jugés peu productifs. “Cela fait deux ans que nos plannings sont allégés parce qu’il n’y a pas assez de demande. On ne travaille pas moins par plaisir mais parce que la croissance n’est pas là”, dit-il.

“Sur le long-courrier, il arrive que des pilotes soient contraints de faire des vols en simulateurs faute de vraies rotations pour maintenir leur compétence”, ajoute-t-il.

Il souligne en outre qu’en augmentant la productivité, Air France va créer du sureffectif. “Derrière tout cela, il y a le spectre des licenciements, pourquoi pas de pilotes, et ce serait une première”, conclut-il.

“Nous avons le sentiment que ce qui a été annoncé est la première étape d’un plan plus ambitieux avec des déclinaisons plus sociales après les élections présidentielles. Il y a un rendez-vous implicite après les élections pour annoncer la réduction d’effectifs”, estime de son côté Pierre Boucheny, analyste chez Kepler Capital Markets.