Dans un récent rapport, Oxford Business Group (OBG) indique qu’un optimisme prudent semble gagner du terrain en Tunisie; qui annonce pour 2012 la reprise d’une économie tunisienne quelque peu ébranlée en 2011.
Le premier mois de la révolution aurait coûté plus de 2 milliards de dollars à l’économie tunisienne; les mois suivants ont vu régner un climat d’incertitude sur le monde des affaires. Les entrées de capitaux étrangers ont chuté, tout comme le nombre de visiteurs qui a connu une baisse radicale. Cependant, les élections d’octobre laissent entrevoir une amélioration des perspectives politiques, donnant lieu à un regain d’intérêt pour le marché tunisien.
Relance ?
OBG affirme que des signes d’un renouveau d’intérêt de la part des investisseurs sont constatés, en particulier des plus importants partenaires bilatéraux. Lors du Forum de partenariat tuniso-américain organisé par le Département d’Etat, qui s’est tenu mi-novembre, Noureddine Zekri, directeur général de l’Agence de Promotion de l’Investissement Extérieur (FIPA), a fait remarquer que si la corruption et le manque de transparence de l’ancien régime politique avaient limité les investissements en provenance du Royaume-Uni, des Etats-Unis, de la France et de la Scandinavie, la Tunisie mettait désormais les bouchées doubles pour tenter de venir à bout de ces problèmes et créer un climat d’affaires plus favorable aux investisseurs étrangers.
Ce forum faisait suite à la visite en Tunisie en octobre de Daniel Mullaney, représentant adjoint pour la région Europe-Moyen-Orient du bureau du représentant américain au commerce (USTR) et de Christine Bliss, représentante adjointe pour les services et les investissements, dont l’objectif était la relance des discussions au sein de l’accord cadre sur le commerce et l’investissement (TIFA) signé en 2002.
Les négociations ont porté principalement sur le renforcement, dans le cadre du TIFA, des mouvements de capitaux et des volumes d’échanges dans les secteurs du tourisme, de la franchise commerciale, des TIC et des énergies alternatives. OBG souligne qu’on attend également le feu vert du Fonds américano-tunisien pour les entreprises, dont la mission sera d’apporter des capitaux d’amorçage aux entreprises du secteur privé pour relancer la croissance. Le fonds viendra en aide aux investisseurs et soutiendra les Tunisiens dans le lancement de PME, apportant ainsi des perspectives de croissance sur le long terme.
Des fonds…
Plus fondamentalement, l’Union européenne, qui est le plus important partenaire de la Tunisie en matière d’échanges commerciaux et d’investissements, cherche également à augmenter les fonds mis à disposition de la Tunisie afin de garantir au pays de bonnes perspectives de croissance à moyen et long terme. La Banque européenne d’investissement (BEI) a accordé, dans le cadre du partenariat de Deauville, un prêt de 140 millions d’euros destiné à promouvoir le développement économique du pays. Ces fonds serviront à financer un projet industriel d’envergure, porté par le Groupe Chimique Tunisien, dans le secteur des phosphates, qui contribue à plus de 2,6% du PIB, avec à la clé des recettes d’exportations supplémentaires pour la Tunisie.
D’ailleurs, la Banque mondiale prévoit une accélération du rythme de l’activité économique en Tunisie et un taux de croissance en hausse qui atteindrait les 5% en 2013. Le projet de budget économique du pays pour l’année 2012 prévoit un accroissement des investissements de 18,4% et la création de 75.000 nouveaux emplois. Le budget présente également l’industrie et le BTP comme des secteurs en pleine croissance. La Banque centrale de Tunisie table sur une croissance de 4,5% pour 2012, en hausse par rapport à la progression de 1% enregistrée en 2011.
Crise européenne…
Mais OBG prévient des répercussions potentielles de la crise économique qui secoue le Vieux Continent. Les exportations vers l’Europe emploient 20% de la population active tunisienne –soit environ 320.000 emplois- et le pays réalise 80% de ses échanges avec ses partenaires commerciaux européens. Au vu de ces chiffres, les implications de la crise européenne sur l’économie tunisienne sont évidentes, selon OBG.
En effet, d’après les médias tunisiens, des perspectives de croissance à la baisse chez les principaux partenaires commerciaux du pays auraient déjà entrainé une baisse de la demande en produits tunisiens. Les taux de croissance des exportations tunisiennes vers les pays de l’UE ont chuté de 20,9% au premier semestre 2011 à 15% en octobre 2011.
L’année qui vient de s’achever n’a pas été facile pour la Tunisie. Cependant, suite au bon déroulement des élections et grâce à un intérêt en progression constante de la part des investisseurs, la Tunisie peut désormais procéder à l’élaboration d’un programme économique nouveau et prometteur pour 2012.