Le Président de la BCE Mario Draghi : il faut “apprendre à se passer des agences de notation”

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ésident de la BCE Mario Draghi, le 12 janvier 2012 à Francfort en Allemagne (Photo : Daniel Roland)

[16/01/2012 19:58:02] STRASBOURG (Parlement européen) (AFP) Le président de la BCE Mario Draghi a appelé lundi à “apprendre à se passer” des agences de notation, tout en jugeant qu’il sera peut-être nécessaire de renflouer le fonds de secours européen FESF, qui vient d’être dégradé.

Il a estimé qu’il fallait considérer les agences que comme “un paramètre parmi beaucoup d’autres”, devant la commission des affaires économiques de l’institution en qualité de président du comité européen du risque systémique (ESRB), et a précisé que sa recommandation s’appliquait “aux régulateurs, aux investisseurs et aux banques”.

Selon lui, il faut mettre fin à la “valeur mécanique” des notes délivrées par les agences de notation, qui influencent le montant des taux d’intérêt sur le marché de la dette.

M. Draghi a par ailleurs relativisé la dégradation vendredi dernier de neuf pays de la zone euro par Standard and Poor’s, en relevant qu’elle avait été “anticipée par les marchés”, qui n’ont de fait guère réagi lundi.

Cette remarque ne s’appliquait pas à la décision de SP d’abaisser lundi d’un cran à “AA+” la note du Fonds de soutien européen (FESF), annoncée pendant que le président de la BCE s’exprimait.

A ce propos, M. Draghi a noté que le FESF devrait être renfloué pour garder sa force de frappe en l’état.

“Il faut des contributions supplémentaires des pays encore notés AAA” pour que le FESF conserve “la même capacité” ou puisse prêter “au même taux”, même après une dégradation, a-t-il dit.

A l’heure actuelle, quatre pays sont encore notés “AAA” par S&P en zone euro: l’Allemagne, première contributrice à tous les plans d’aide, les Pays-Bas, la Finlande et le Luxembourg.

Le ministre allemand des Finances a estimé qu’il n’y avait “pas besoin d’agir sur le FESF actuellement”, dans une réaction à l’annonce de l’agence américaine.

En ce qui concerne la crise en zone euro, “la situation s’est encore aggravée” depuis une audition du précédent président de la BCE Jean-Claude Trichet en octobre dernier, “nous sommes dans une situation très grave et ne devons pas nous voiler la face”, a dit M. Draghi.

Il a en revanche qualifié de “généralement encourageants” les efforts de rigueur budgétaire dans plusieurs pays de la zone euro, jugeant que les gouvernements avaient montré “de la volonté et de la détermination”.

Ces mesures de rigueur “auront pour conséquence une récession à court terme”, a-t-il ajouté. “Puisque c’est inévitable, que devons-nous faire pour atténuer ces effets?” s’est interrogé M. Draghi, en appelant à faire des “réformes structurelles” destinées à “encourager la croissance et l’emploi”.