élos Vénizélos, le 13 janvier 2012 à Athènes (Photo : Aris Messinis) |
[18/01/2012 07:57:28] ATHENES (AFP) Le gouvernement grec et ses créanciers privés joueront une partie serrée mercredi ou jeudi en tentant de trouver un accord d’effacement de dette, après la théâtrale suspension des négociations vendredi, suscitée par une initiative du FMI et de Berlin pour alléger le fardeau des Grecs.
Alors que la Grèce vit sous la menace d’un défaut de paiement dès le mois de mars, le gouvernement de Lucas Papademos n’a cessé de réitérer depuis vendredi sa “confiance” dans la conclusion “à temps” d’un accord, minimisant la portée de la suspension des discussions avec le lobby bancaire mondial IIF en vue de l’effacement de 100 milliards d’euros de dette.
“Nous avons des raisons de croire que nous parviendrons à un accord très bientôt” a encore martelé mardi une source du ministère des Finances. Mais elle n’a pas exclu que la réunion entre le gouvernement et les négociateurs du secteur privé, prévue mercredi, puisse être décalée à jeudi, en raison de “l’arrivée tardive prévue de Charles Dallara, le patron de l’Institut de la finance internationale, à Athènes mercredi”.
Alors que Paris a appelé mardi à une conclusion la plus rapide possible de ces discussions, les banques ont reitéré par l’intermédiaire de l’IIF leur “engagement” à parvenir à un accord “volontaire” sur la restructuration de la dette de la Grèce afin d’éviter une faillite désordonnée du pays.
Fixée fin octobre par la zone euro, la base de l’accord reste un effacement volontairement accepté par les institutions privées de 50% de la dette qu’elles détiennent et un échange de titres, avec une maturité pouvant aller de 20 à 30 ans, pour le reste.
Vendredi, les discussions ont bloqué sur le montant du coupon que porteront les nouvelles obligations, c’est-à-dire le taux d’intérêt qu’Athènes devra payer à ses banquiers.
Alors que le gouvernement grec et les banques négociatrices étaient “quasiment” parvenus à un accord sur un taux de près de 5%, les négociateurs se sont fait déborder par certaines parties prenantes qui ont le statut d’observateur mais assistent aux discussions, a indiqué à l’AFP une source proche des négociations.
En effet, les hedge funds – fonds d’investisement spéculatifs – ont protesté contre un schéma jugé insuffisamment rémunérateur. Face à cette surenchère, le FMI et l’Allemagne ont délibérément proposé un taux très bas de 3%.
Immédiatement jugée inacceptable par les institutions bancaires, cette proposition a conduit à la rupture des discussions.
“Les banques n’ont pas assez contrôlé les hedge funds, mais cela devrait rentrer dans l’ordre”, a ajouté la même source. “On va trouver un taux raisonnable pour tout le monde, probablement compris entre 4 et 5 (…) et évolutif dans le temps”, a-t-elle ajouté.
Quant à l’Allemagne, elle a joué un jeu “dangereux”, selon cette source, en prenant le risque de faire échouer le plan dit PSI (private sector involvment) pour asseoir son pouvoir face à ses partenaires européens dans la négociation plus large de la gouvernance de la zone euro.
Elle a trouvé un allié de circonstance dans le FMI, soucieux que la dette grecque reste supportable pour le pays.
Les médias grecs pour leur part attribuaient plutôt l’intervention du FMI et de Berlin à leur souci d’alléger l’addition pour la Grèce.
Athènes a quoi qu’il en soit dépêché lundi au siège du FMI ses deux principaux négociateurs, les chefs de l’Agence de la dette, Pétros Christodoulou et du Comité des experts économiques, Georges Zanias.
“Tout le monde a intérêt à ce que ça marche, l’Europe, Merkel, Sarkozy, Monti, les banques. Après la dégradation de neuf pays européens vendredi, ils ont un intérêt impérieux à signer quelque chose montrant que la zone euro a rétabli une discipline financière, pour convaincre les agences de notation que l’Europe peut gérer elle-même sa crise”, martèle cette même source.
Néanmoins pour le gouvernement grec, il ne s’agit que d’un des multiples fers qu’il a au feu, puisqu’il mène en parallèle des négociations tout aussi ardues, entamées cette semaine également, avec ses créanciers publics pour tenter de débloquer un deuxième prêt de 130 milliards d’euros.
Alors qu’Athènes était ralentie mardi par des grèves sectorielles et deux manifestations contre les projets de réforme destinés à faire baisser les coûts de la main d’oeuvre, les chefs de mission de la Commission Européenne, Banque centrale européenne et FMI sont attendus vendredi pour le prochain chapitre.