La crise ralentit le développement des énergies renouvelables

[18/01/2012 09:46:32] ABOU DHABI (AFP) Le ralentissement de l’économie mondiale et la crise de la zone euro ont freiné les investissements publics dans le secteur des énergies renouvelables, relèvent des experts réunis cette semaine à Abou Dhabi.

“Il y a déjà des signes en Europe d’un ralentissement du soutien des gouvernements” à ce secteur, a noté Fatih Birol, économiste en chef à l’Agence internationale de l’énergie (AIE), lors des travaux du sommet mondial sur les énergies du futur organisé dans la capitale des Emirats arabes unis.

M. Birol a cité les cas de l’Allemagne et de l’Espagne où le soutien aux énergies renouvelables a diminué, estimant que malgré la croissance de ce secteur, son expansion a été “beaucoup plus lente” que ce qu’elle devrait être.

“Le secteur énergétique (en général) a besoin d’une planification à long terme”, a-t-il dit, affirmant qu’il serait “dommage” que les gouvernements rechignent à soutenir pleinement le développement des énergies renouvelables.

L’AIE, qui veille à un approvisionnement énergétique stable pour ses 28 Etats membres, a souligné dans un rapport publié en novembre que la proportion d’énergie produite à partir de sources renouvelables devrait passer de 13% actuellement à 18% en 2035 si les gouvernements tiennent leurs promesses de soutien aux énergies du futur.

Le pourcentage de l’énergie produite dans le monde à partir de sources fossiles devrait tomber à 75% en 2035 contre 81% actuellement, selon M. Birol.

Jacob Wallenberg, président de l’investisseur suédois AB, a aussi déploré l’impact de la crise économique sur le secteur des énergies renouvelables.

“Les difficultés économiques ont contribué à détourner les investissements des énergies renouvelables”, a-t-il déclaré lors du sommet.

L’Union européenne est aux prises avec une crise de la dette qui dure depuis deux ans et qui a entraîné la dégradation par l’agence de notation Standard and Poor’s de la note souveraine de neuf de ses membres et du Fonds européen de stabilité financière (FESF).

Mais d’autres experts et responsables ont fait valoir que les pays en développement avaient stimulé l’investissement dans les énergies renouvelables.

“Quand nous parlons de ralentissement dans le secteur des énergies renouvelables, c’est surtout dans les pays de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques)”, a déclaré Mohamed El-Ashry, président du REN21 (Renewable Energy Policy Network for The 21 Century).

En s’adressant lundi à la rencontre, le Premier ministre chinois Wen Jiabao a déclaré que son pays, dont les besoins énergétiques sont en rapide augmentation, avait connu “la plus forte croissance au monde dans les secteurs de l’éolien et du solaire”, en ajoutant que la Chine se classe au premier rang mondial pour l’énergie hydroélectrique.

Adnan Amin, chef de l’Agence internationale de l’énergie renouvelable (Irena), basée à Abou Dhabi, a déclaré que malgré la baisse de l’investissement public, l’argent privé continuait de stimuler les énergies renouvelables.

“Malgré le ralentissement économique mondial, les investissements dans les énergies renouvelables ont augmenté dans le monde entier”, a-t-il dit, ajoutant que 90% des investissements actuels proviennent du secteur privé.

“Ce dont on a besoin, c’est d’un cadre (juridique) favorable et c’est là le rôle des gouvernements”, a-t-il souligné.

Selon les organisateurs, le sommet sur les énergies du futur d’Abou Dhabi et une exposition sur ce thème ont reçu plus de 26.000 visiteurs pendant les deux premiers jours du forum, ouvert lundi et qui s’achève jeudi.