Le nouveau gouvernement est en état de grâce. Il marque toutefois un temps de latence. Il faut “aller vite’’ pour entrer en phase de concrétisation.
Petit’dej de presse ce mardi 17 janvier à la résidence de l’ambassadeur de Grande Bretagne à Tunisie, Chris O’Connor. L’entretien embraye tout de go sur l’actualité nationale sans manquer, cependant, les relations bilatérales et naturellement le degré d’engagement que voudra apporter la Grande Bretagne à la reprise économique à laquelle s’active le nouveau gouvernement. «Full details».
La Grande Bretagne, absente lors du premier anniversaire de la révolution
Nos amis britanniques ont été les premiers à féliciter, chaleureusement, les Tunisiens à l’occasion de la réussite de la révolution en janvier 2011. Le ministre anglais des Affaires étrangères, William Haggue, nous a fait la surprise d’un déplacement, personnel, au mois de février 2011 alors que le pays était en pleine ébullition populaire, pour applaudir au caractère «Clean» de la révolution et nous manifester le plein appui du gouvernement anglais pour le déroulement du processus de transition démocratique. Et même si le soutien anglais n’apparaissait pas à l’opinion, il faut savoir qu’il a été fort actif. La Grande Bretagne a aidé à la ‘’Big Offer’’ qui a conduit à la présentation du plan Jasmin en mai 2011 à Deauville, pour le G8.
La Grande Bretagne a également appuyé toutes les démarches de la Tunisie auprès des banques multilatérales, où elle siège. C’est notamment le cas de la BEI et de la BAD. Pareil avec l’UE. Et d’ailleurs, l’ambassadeur de rappeler que l’UE et la BEI ont doublé leurs contributions pour la période 2011-2013. La BAD a également augmenté sensiblement ses concours. Et notre hôte d’ajouter que la mobilisation des ressources, en question, dépend de la célérité tunisienne à présenter les dossiers techniques y afférents. L’ambassadeur ne s’offusque pas toutefois de ce que la Grande Bretagne n’ait pas été invitée à la cérémonie de célébration du premier anniversaire de la révolution. C’est à mettre sur le compte du déficit de synchronisation entre les formations de la coalition, mais en aucune façon il ne faut y voir un «froid» dans les relations avec la Grande Bretagne, qui a été, rappelons-le, une terre d’accueil pour cheikh Rached Ghannouchi, tout au long de son exil politique, lequel a duré près de vingt ans.
Aucune hésitation, But Hurry Up!
L’opinion voit dans le retard à mobiliser les ressources financières promises par nos divers partenaires une sorte d’hésitation à aider le nouveau gouvernement. L’ambassadeur le disait en substance, ce n’est pas du tout une marque d’hésitation pour venir en aide à un gouvernement dont la principale formation qui ne partagerait pas les mêmes valeurs. Ce n’est donc point une bouderie mais tout simplement une inertie de la part du nouveau gouvernement à activer la partie administrative et technique qui lui incombe pour mobiliser lesdites ressources. Et d’ailleurs l’ambassadeur de rappeler qu’avec l’UE beaucoup de choses sont restées en plan. Nos partenaires européens attendent des propositions concrètes de la Tunisie, pour avancer, notamment sur les dossiers du Statut avancé et celui de l’Accord de Libre Echange Compréhensif et Approfondi (ALECA).
Il revient à la partie tunisienne de prendre les devants d’autant que cela ne se fera pas en un jour, car il faut le temps des négociations.
Libérer les services
Ces grands arrangements butent souvent sur la libéralisation du secteur des services pour lequel la Tunisie garde certaines appréhensions. Dans le secteur du partenariat industriel, les choses peuvent aller vite. D’ailleurs, l’ambassadeur se propose de faire un sondage auprès des opérateurs locaux pour voir les recommandations qu’ils pourraient formuler à l’adresse de leurs homologues anglais afin de booster les ID anglais. Il a ajouté que «United Kingdom for Trade and Investiment», homologue de notre FIPA nationale, projette un forum tuniso-anglais à l’effet de booster le partenariat bilatéral. Il reste que les opérateurs anglais émettent toujours les mêmes réserves quant à l’implantation en Tunisie. Ils considèrent que le marché est exigu et que la réglementation est trop rigide -façon diplomatique de dénoncer une quelconque survivance de bureaucratie?- y compris pour le marché financier où une exploration poussée a été réalisée.
Dans l’hypothèse où la Place de Tunis prenne une configuration régionale, c’est-à-dire que si, à partir de la Bourse de Tunis, on peut investir dans des valeurs libyennes ou algériennes, les choses prendraient un tout autre relief. Cette condition n’est d’ailleurs réalisable qu’à la condition de la constitution d’un pool de bourses, à l’instar d’Euronext, par exemple, qui lie les marchés d’Amsterdam, de Bruxelles et Paris entre eux.
Bien entendu, l’environnement des affaires doit être rendu assez attractif et un effort d’image building est à entreprendre par les nouvelles autorités élues. Celles-ci doivent envoyer un signal fort aux opérateurs internationaux, notamment en matière de stabilité et de paix sociale signifiant qu’il n’y aura aucun retour en arrière en matière de Droits de l’Homme et de libertés publiques. Des garde-fous convaincants doivent être mis en place notamment en matière de liberté de la presse afin de conforter une visibilité de long terme.