été compensé par le développement du marché numérique. (Photo : Michal Czerwonka) |
[18/01/2012 11:09:21] PARIS (AFP) Le marché de la musique enregistrée en France a perdu la moitié de sa valeur entre 2003 et 2010, entraînant un appauvrissement de l’offre et une dévalorisation du support musical, selon une étude de l’Observatoire de la musique et l’institut GfK.
Entre 2003 et 2010, le marché de la musique enregistré (physique et numérique) a chuté de 54,8% en valeur et de 23,7% en volume.
Sans surprise, cette évolution est due à l’effondrement du marché physique: les ventes de CD et DVD ont baissé de 57,4% en volume et 59,4% en valeur. Une chute spectaculaire qui n’a pas été compensée par le développement du marché numérique, même si le téléchargement et le streaming ont progressé de 49,4% en volume depuis 2007 et 124,3% en valeur.
En 2010, le marché de la musique enregistrée représentait un chiffre d’affaires global de 882,8 millions d’euros. Huit ans plus tôt, il s’élevait 1,95 milliard d’euros.
“Cette décroissance n’a pas modifié la structuration du marché du point de vue de la concentration des ventes sur un nombre très limité de références”, souligne l’étude.
En 2004, 4,4% du total des références totalisaient 88,4% du marché en valeur. En 2008, 5,9% des références réalisaient 90% du marché en valeur.
En revanche, ce déclin a entraîné une chute des nouvelles références en CD audio. Leur nombre s’est élevé à 62.487 en 2010, en baisse de 15,1% par rapport à 2003.
Le déclin du marché a aussi entraîné une concentration de l’offre exposée en magasins.
“Dès 1986, les majors ont +basculé+ le marché physique vers les grandes surfaces alimentaires (GSA) en délaissant le réseau des disquaires indépendants”, rappelle l’étude.
Or, depuis 2003, les ventes dans ces magasins ont reculé de 75,9% en volume et de 75,6% en valeur.
“Le marché de la musique pèse peu pour les GSA et la désaffection des publics rend d’autant plus problématique le maintien des mètres linéaires dans la grande surface alimentaire”, souligne l’étude.
Sur la période, les ventes dans les grandes surfaces spécialisées dans les produits culturels ont également chuté, de 32,5% en volume et de 43% en valeur.
Selon l’étude, ces points de vente “risquent fort de n’être plus que des +clones+, ne présentant sur leurs linéaires que les mêmes références, afin de pouvoir renouer ou maintenir des taux de rentabilité si possible à deux chiffres”.
De plus en plus, l’acheteur “devra consulter, acte isolé sans intermédiation, les sites internet (Amazon, Fnac…) ou résolument entrer dans les nombreux sites musicaux, boutiques virtuelles de téléchargement payant, pour trouver une plus large profondeur de l’offre musicale”, estime l’étude.
Autre phénomène inquiétant, les grandes maisons de production “en viennent à +brader+ leurs fonds de catalogue pour pouvoir disposer d’un volant de trésorerie en des périodes critiques” et “à leur tour, les petits producteurs doivent participer à ces opérations spéciales”, ce qui contribue à “dévaloriser la valeur du support musical”.
Compte tenu de ces évolutions, le marché numérique pourrait avoir déjà dépassé en 2011 le marché physique en volume, mais les auteurs soulignent qu’il évolue dans un paysage industriel “en pleine reconfiguration” avec le développement d’acteurs comme Apple, Google, Facebook, Youtube ou Amazon.
“Il n’est pas sûr que la filière musicale ne connaisse pas quelques déconvenues car l’installation d’acteurs dominants rigidifiera les relations commerciales. Certains d’entre eux, comme Google, installent de nouveaux services hors de toute absence préalable de négociation avec les ayants droit”, met en garde l’étude.