Le “nein” allemand au nucléaire dope les exportations françaises d’électrons

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éaire de Nogent-sur-Seine, le 5 décembre 2011 (Photo : Francois Nascimbeni)

[19/01/2012 11:35:52] PARIS (AFP) La France est redevenue en 2011 exportatrice nette d’électricité vis-à-vis de l’Allemagne, profitant ainsi à plein de la sortie du nucléaire décrétée Outre-Rhin après la catastrophe de Fukushima, selon le bilan annuel publié jeudi par le gestionnaire de réseau RTE.

“L’arrêt de sept réacteurs nucléaires allemands a fait passer le solde des échanges entre la France et l’Allemagne d’importateur à exportateur”, a souligné dans son “bilan électrique 2011” RTE, filiale d’EDF qui gère le réseau d’électricité haute tension français, et supervise à ce titre les échanges transfrontaliers d’électrons.

Dans le détail, la France a exporté 10,8 térawattheures (TWh) vers son voisin, et en a importé 8,4, soit un bilan positif de 2,4 TWh. Et, tous pays confondus, le solde net des échanges d’électricité de la France a presque doublé, à +55,7 TWh, retrouvant ainsi son niveau de 2007.

Habituellement, “on a tendance à être importateur avec l’Allemagne durant l’hiver et en demi-saison, et exportateur durant l’été, mais l’an dernier, on a eu un solde exportateur d’avril à septembre”, a expliqué le président de RTE Dominique Maillard au cours d’une conférence de presse.

Deux grands facteurs expliquent, selon lui, ce changement de tendance : d’une part, “la disponibilité pour exporter était moindre Outre-Rhin”, et d’autre part, à “l’écart de prix entre l’Allemagne et la France” s’est inversé en cours d’année.

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ère allemande Angela Merkel à Berlin, le 18 janvier 2012 (Photo : Odd Andersen)

Des phénomènes directement imputables à la décision prise par le gouvernement allemand après la catastrophe nucléaire de Fukushima au Japon. L’Allemagne a immédiatement mis à l’arret ses 8 plus vieux réacteurs nucléaires (dont un ne fonctionnait déjà plus), et a choisi de condamner les 9 autres d’ici la fin 2022.

Résultat, la capacité de production d’énergie allemande, et donc sa capacité exportatrice, a été amputée, mais cela a aussi joué sur le différentiel entre les prix de l’électricité de part et d’autre du Rhin.

Selon RTE, le prix au comptant de l’électricité allemande est devenu supérieur au prix français dès le 15 mars, date du moratoire qui a conduit à l’arret des réacteurs allemands les plus vieux, tandis que l’écart sur le marché à terme s’est progressivement inversé en faveur de la France à partir de la décision finale de sortie du nucléaire, annoncée le 30 mai.

Difficile pour l’instant de dire combien cela a pu rapporter à EDF, RTE ne mesurant que les flux d’électrons transitant par son réseau, et non les prix auxquels ils s’échangent.

Interrogé par l’AFP, EDF n’a pas fait de commentaires sur cette question. Mais on pourrait en avoir une idée à la mi-février, lorsque l’opérateur historique présentera ses résultats annuels.

Cependant, les échanges d’énergie avec l’Allemagne ne sont pas en sens unique. Celle-ci a continué d’exporter de l’électricité vers la France en saison froide, bien qu’à une échelle moins importante qu’en 2010. Il s’agit en grande partie d’électricité d’origine renouvelable.

Si elle a été pénalisée par la décision gouvernementale de sortir du nucléaire, la production d’électricité allemande conserve en effet un atout par rapport à la France : les nombreuses fermes éoliennes et autres centrales solaires photovoltaïques installées Outre-Rhin produisent à certaines périodes une énergie abondante, que l’Allemagne peut exporter notamment durant l’hiver, lorsque la consommation d’énergie des Français est à son maximum.