Les chaussures “made in Portugal” ne connaissent pas la crise

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éfilé de mode le 10 mars 2007 à Lisbonne (Photo : Nicolas Asfouri)

[20/01/2012 09:46:19] GUIMARAES (Portugal) (AFP) L’industrie de la chaussure au Portugal affiche en 2011 des taux de croissance record grâce à des produits novateurs qui se sont imposés à l’international, alors que le pays mise sur les exportations pour relancer son économie durement frappée par la crise.

L’année dernière, le secteur a enregistré une croissance de 17%, selon les chiffres de l’Association portugaise des industries de la chaussure (APICCAPS). Rien que sur les neuf premiers mois de 2011, il a généré un chiffre d’affaires de 1,23 milliard d’euros, “soit presque autant que sur l’ensemble de 2010”, souligne l’association.

La croissance repose avant tout sur les ventes réalisées à l’étranger. Les fabricants portugais exportent près de 95% de leur production vers plus de 13O pays, avec une forte présence dans le nord de l’Europe. Ces dix dernières années, les exportations ont progressé de 24%.

Dkode, Nobrand, Camport, Eject, Mack James, Softwaves, Fly London…, les industriels du secteur choisissent souvent des noms de marques à consonance anglo-saxonne pour s’imposer dans un marché très concurrentiel.

Le groupe Kaya, qui commercialise dans le monde entier la marque tendance Fly London, avec un chiffre d’affaires annuel de 50 millions d’euros et plus de 500 salariés au Portugal, illustre ce succès.

“Au début des années 90, on a cru en ce projet, qui était tombé à l’eau, puis nous l’avons racheté à des Britanniques”, raconte à l’AFP Fortunato Frederico, ancien ouvrier qui est parvenu à hisser son groupe parmi les principaux producteurs de chaussures au Portugal. “Plus de 90% de notre production est destinée à l’exportation”, explique-t-il devant un mur sur lequel sont exposés escarpins, bottes, bottines et sandales de la marque au design qui combine le classique au moderne.

Très implantée dans la région du Minho, au nord du Portugal, cette industrie traditionnelle, surtout composée de PME, a su faire face ces dernières années aux défis posés par les délocalisations des multinationales et la concurrence des pays asiatiques.

Contrairement à l’industrie textile, qui a subi de plein fouet les conséquences de la crise, la chaussure “made in Portugal” est parvenue à s’imposer comme un acteur de premier plan en Europe aux côtés de ses principaux concurrents italiens et espagnols. Le secteur, qui compte actuellement plus de 1.300 entreprises et emploie quelque 40.000 salariés, produit près de 70 millions de paires par an.

Pour y parvenir, l’industrie de la chaussure, qui a traversé une période d’ajustement dans les années 90, a misé sur une diversification de ses marques, la recherche, les nouvelles technologies, la qualification de sa main-d’oeuvre et la promotion de ses produits lors de grandes foires internationales, explique le responsable de Kaya.

Dans un contexte de crise, l’industrie de la chaussure est souvent citée en exemple dans un pays qui mise sur ses exportations pour relancer une économie en panne, qui devrait s’enfoncer cette année dans une récession supérieure à 3% avec un chômage record à 13,4%.

“Le secteur de la chaussure est l’un de ceux qui contribue le plus à l’internationalisation de l’économie portugaise et au dynamisme du commerce extérieur”, rappelle l’Agence portugaise pour le commerce extérieur (AICEP). “Avec un solde commercial supérieur à 800 millions d’euros entre janvier et septembre, (…) il est à prévoir que la chaussure soit une nouvelle fois en 2011 le secteur qui contribuera le plus favorablement à relever la balance commerciale du Portugal”, estime pour sa part l’Association des industriels de la chaussure.