à Rome. (Photo : Andreas Solaro) |
[20/01/2012 12:43:34] MILAN (Italie) (AFP) Le gouvernement de Mario Monti devait adopter vendredi un vaste plan de libéralisation de l’économie, destiné à lever les obstacles qui freinent la croissance du pays empêtré dans la crise de la dette, mais les corporations touchées sont sur le pied de guerre
Le conseil des ministres, qui doit donner son feu vert à ce plan, a démarré peu avant 10H00 GMT.
Après l’adoption fin décembre d’un nouveau plan de rigueur, M. Monti lance avec ces libéralisations la “phase 2” de son action en vue de relancer l’économie du pays entrée en récession.
Taxis, pharmacies, transports publics locaux, distribution d’essence, gaz, professions libérales: les secteurs qui seront plus ouverts à la concurrence sous l’effet de ces mesures sont nombreux.
Selon les premiers éléments ayant filtré dans la presse, ce plan prévoit notamment l’augmentation du nombre de licences de taxis, la hausse du nombre de pharmacies, la liberté de choix des fournisseurs pour certaines stations-service ou l’abolition des tarifs minimums des avocats ou des notaires…
à Rome, devant le Circus Maximus, en signe de protestation. (Photo : Andreas Solaro) |
Afin de faire baisser les prix du gaz en renforçant la concurrence, le gouvernement compte en outre obliger le géant de l’énergie ENI à céder son réseau de transport Snam Rete Gas.
Ancien commissaire européen à la concurrence, M. Monti, qui a fait de ce sujet l’une de ses grandes priorités dès son arrivée au pouvoir mi-novembre, avait appelé il y a deux semaines à un “désarmement multilatéral de toutes les corporations (…) afin de donner plus de place à la concurrence et aux jeunes”.
Il avait en outre souligné la nécessité de “réduire les protections” dont bénéficie “chaque catégorie en Italie, plus que dans d’autres pays” et qui avantagent “ceux qui sont dans la citadelle par rapport à ceux qui n’y sont pas”.
“L’économie italienne est très bloquée et libéraliser les principaux secteurs pourrait amener son potentiel de croissance à 2%”, alors que la croissance annuelle n’a pas dépassé 1% en moyenne ces dix dernières années, a estimé, pour l’AFP, l’économiste Giuliano Noci, professeur au MIP, l’école de commerce de l’Université Politecnico de Milan.
L’association de consommateurs Adiconsum a calculé de son côté que la baisse des prix qu’entraînera inévitablement l’ouverture à la concurrence permettra aux familles italiennes d’économiser plus de 1.000 euros par an.
Mais les corporations les plus touchées sont sur le pied de guerre face à ces mesures.
Les chauffeurs de taxis ont multiplié ces derniers jours les grèves sauvages et malgré les concessions obtenues par leurs syndicats, qui ont été hués par la base jeudi, ils comptent continuer.
“Je me suis endetté sur trente ans pour payer ma licence” se justifie un chauffeur de taxi milanais pour expliquer sa vive opposition à voir de nouveaux concurrents arriver sur le marché.
L’organisation de pharmaciens Federfarma n’a pas exclu de son côté des formes “extrêmes de protestation”.
Il restera maintenant à M. Monti à faire adopter son plan par le Parlement où ces corporations comptent de nombreux relais.
Evoquant une journée historique, le quotidien économique Il Sole 24 Ore félicite Mario Monti pour son “courage” mais souligne qu’il aura désormais “besoin que le soutien du Parlement soit solide”.
Hormis les libéralisations, l’autre priorité de Mario Monti est la réforme du marché du travail, un autre sujet très sensible sur lequel le gouvernement a convoqué les partenaires sociaux pour une table ronde lundi.