Petroplus contraint à commencer un démantèlement

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La raffinerie Petroplus de Petit-Couronne, en Seine-Maritime, le 6 janvier 2012 (Photo : Kenzo Tribouillard)

[20/01/2012 13:05:23] GENEVE (AFP) Le groupe de raffinage suisse Petroplus, qui se débat dans de graves difficultés financières depuis 3 semaines, a été contraint vendredi de commencer son démantèlement, avec la mise en vente de sa raffinerie de Petit-Couronne, près de Rouen en France.

Le groupe, qui possède 5 raffineries en Europe, réfléchit également à la mise en vente de 2 autres sites, à Cressier, en Suisse, et à Anvers, en Belgique.

Dans un communiqué publié vendredi à Zoug (centre de la Suisse), où est situé son siège social, le groupe, coté à la Bourse suisse, ajoute qu’il compte boucler ce processus de restructuration dans “les prochains mois”.

La raffinerie de Petit-Couronne, qui compte 550 salariés, est à l’arrêt depuis début janvier, et les salariés sont très mobilisés, derrière les syndicats.

Le gouvernement français s’est engagé sur ce dossier sensible à 3 mois de l’échéance de l’élection présidentielle, et alors que le chômage touche près de 3 millions de personnes.

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és de Petroplus rassemblés devant la raffinerie de Petit-Couronne, près de Rouen, le 11 janvier 2012 (Photo : Kenzo Tribouillard)

Selon le ministre français de l’énergie Eric Besson, il faut “aller vite pour maintenir l’activité industrielle à Petit-Couronne”. “L’objectif du gouvernement, c’est clairement la reprise d’activité la plus rapide possible”, a-t-il ajouté, à la radio RTL.

L’annonce de la mise en vente du site était attendue par une partie des salariés et a été diversement accueillie, a indiqué pour sa part à l’AFP Nicolas Vincent, coordinateur CGT et porte-parole de l’intersyndicale CGT-CFDT-CFE/CGC.

“Ceux qui croyaient encore à Petroplus se sentent complètement lâchés. Pour ceux qui comme moi n’y croyaient plus, c’est plutôt une bonne nouvelle, car cela nous laisse les mains libres pour trouver un repreneur”, a-t-il dit.

Les syndicats seront reçus mardi au cabinet de M. Besson, avec des entretiens ayant pour objectif une reprise d’activite rapide de la raffinerie, a-t-on indiqué de source proche de dossier.

Contacté par l’AFP sur une reprise éventuelle d’un ou plusieurs sites de Petroplus, le géant pétrolier français Total a fait savoir qu’il “n’est pas intéressé”, compte tenu de son “exposition au raffinage qui est déjà importante”.

La direction du site normand a aussi proposé au personnel d’engager la procédure de consultation du comité d’entreprise le 8 février prochain.

La raffinerie suisse de Cressier, près de Neuchâtel, a de son côté été arrêtée en début de semaine, comme prévu.

Le site a été fermé “en toute sécurité”, a indiqué Petroplus. Et aucun repreneur se s’est manifesté publiquement à ce jour.

La Suisse ne compte que 2 raffineries sur son territoire, Cressier (Petroplus) et Collombey, dans le canton du Valais, propriété du groupe pétrolier Tamoil.

Petroplus, qui est à la recherche de 1,1 milliard de dollars pour assurer son fonctionnement, a annoncé la semaine dernière un accord temporaire avec les banques qui lui accordent des facilités de crédit.

Ces facilités lui permettent de poursuivre en partie les activités sur les sites de Coryton (Angleterre) et Ingolstadt (Allemagne).

Vendredi à la Bourse suisse, l’action Petroplus cotait en milieu de journée 1,47 franc suisse seulement (-0,7%).

Jusqu’en 2006, Petroplus était contrôlé à 100% par le groupe d’investissement américain Carlyle. Puis en 2006, Carlyle a procédé à une introduction en Bourse à Zurich d’une partie du capital.

Depuis cette date, l’action a perdu 97% de sa valeur.

L’action avait été vendue à un prix d’émission de 63 CHF (52 euros), et au premier jour de sa cotation, elle s’inscrivait à 67,90 CHF. Son plus haut a été de 133 CHF.

Le groupe est dirigé par un Français, M. Jean-Paul Vettier.