écembre 2011 (Photo : Daniel Mihailescu) |
[20/01/2012 16:30:04] PARIS (AFP) Un “signal très fort”, un “tournant”, mais qui ne peut rester un acte isolé: la fermeture du site de téléchargement sur internet Megaupload doit être suivie d’autres actions pour lutter efficacement contre le piratage des oeuvres, estiment les professionnels de la musique et du cinéma.
“C’est une très bonne nouvelle”, un “signal très fort à tous ceux qui pensent se jouer de la justice”, car cela montre qu'”internet n’est pas un espace de non-droit”, s’est félicité David El Sayegh, directeur général du Syndicat national de l’édition phonographique (Snep), principal syndicat français de producteurs de disques.
“C’est très positif qu’un site qui avait un modèle commercial mondial pour appuyer la contrefaçon massive des oeuvres cesse son activité”, renchérit Frédéric Goldsmith, directeur général de l’Association des producteurs de cinéma (APC).
“Il faut évidemment contrer la piraterie quand elle est commerciale”, même si “la méthode est un peu brutale”, juge de son côté l’Adami, qui gère les droits de propriété intellectuelle pour les artistes interprètes.
Pascal Rogard, directeur général de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD), estime, lui, que la fermeture de Megaupload est “un tournant” parce que “ça marque la détermination d’un grand pays à mettre fin aux activités illicites sur le dos des créateurs”.
Le consensus semble donc général dans les milieux culturels pour saluer la fermeture ordonnée par la justice américaine de cette plateforme de partage de fichiers, emblématique du téléchargement direct sur internet et de la violation des droits d’auteurs.
Offre légale
La fermeture d’un seul site de téléchargement illégal, même considéré comme l’un des plus importants, est-elle cependant suffisante pour donner un coup de frein réel à un phénomène mondial ? Les professionnels appellent à aller plus loin.
Pour poursuivre l’action, ils préconisent notamment la poursuite d’une coopération internationale dans ce domaine. Elle est “indispensable”, parce que “nous sommes dans une économie mondialisée”, souligne David El Sayegh.
Au-delà de la solution répressive, un certain nombre de professionnels jugent par ailleurs que pour être efficace, la lutte contre le téléchargement illégal doit s’accompagner d’un renforcement de l’offre légale.
“Il y a peut-être d’autres moyens de procéder, notamment en développant véritablement les offres légales”, estime-t-on à l’Adami.
“Fermer Megaupload et ne pas développer l’offre légale, c’est creuser un trou pendant qu’on en rebouche un autre. D’autres sites vont renaître”, renchérit Pascal Rogard.
Pour lui, “il faut être impitoyable avec les mafieux, parce qu’ils vivent sur le dos des créateurs, mais il faut aussi continuer la démarche actuelle de pédagogie vis-à-vis des internautes qui a été engagée avec le gouvernement” depuis la création de l’Hadopi, la haute autorité chargée de la lutte contre le téléchargement illégal.
Et “il faut bien évidemment enfin développer l’offre légale”, ajoute-t-il, jugeant qu'”il y a une opportunité incroyable pour que les films puissent être accessibles d’une façon facile, à des prix compétitifs” en assouplissant notamment la “chronologie des médias”, qui régit les délais de diffusion des films sur différents supports.
Pour développer l’offre légale, “il faut aussi que le gouvernement soutienne tout le processus de numérisation des films”, ajoute-t-il.
“Il n’y a pas de plan pour l’instant de numérisation des oeuvres de catalogues indépendants. On l’appelle vraiment de nos voeux pour que toute une série d’oeuvres soient disponibles”, souligne Frédéric Goldsmith.