La formation professionnelle présente un fort potentiel sur le marché de l’emploi. Dans un contexte où la question de l’employabilité constitue de plus en plus un souci pour les autorités et pour la communauté des affaires, la réforme de ce secteur devrait être entamée au plus vite pour créer plus d’opportunités à l’avenir.
Cette réforme devrait changer la perception qu’ont les jeunes de la formation professionnelle, c’est-à-dire “négative“ en ce sens qu’elle a toujours été associée à l’exclusion scolaire et comme “une dernière chance“. Or, la réalité est autre, puisqu’il a été montré que le marché de l’emploi est très demandeur des diplômés de la formation professionnelle. Encore fallait-il mettre en exergue ce potentiel.
Information…
C’est dans ce cadre que l’Agence tunisienne de la formation professionnelle (ATFP) a organisé, en collaboration avec le British Council, un colloque international sur «la perception de la formation professionnelle: réalités et opportunités», tenu les 19 et 20 janvier 2012 à Tunis.
Pour Brahim Toumi, président de l’ATFP, le séminaire vise à réfléchir comment trouver les moyens pour promouvoir la formation professionnelle en Tunisie. «Nous vivons un paradoxe, certains métiers qui sont demandés par les entreprises ne trouvent pas preneurs. Dans un pays où le premier problème est le chômage, ceci interpelle. Nous pensons que l’information pourra contribuer à l’amélioration de l’image de la formation», estime-t-il.
Il affirme que trois axes de travail ont été identifiés. Le premier concerne l’amélioration intrinsèque de la formation et des centres. Le deuxième axe est dédié à l’information et la communication. M. Toumi souligne que la formation est parcellaire en Tunisie, alors qu’en Suisse, il y a un office de la formation professionnelle dans chaque région; En France, il y a une instance indépendante qui travaille tout le temps sur l’information, l’orientation et la recherche en matière des sciences de l’éducation.
«Personnellement, si ça ne tenait qu’à moi, je créerais une instance de ce type-là qui serait indépendante de l’ATFP; et qui n’aurait comme mission que de faire de la recherche et travailler en profondeur pour l’amélioration de la formation professionnelle», lance M. Toumi.
Déficit d’image…
Le troisième axe concerne le secteur privé et son attractivité pour les jeunes. Le responsable de l’ATFP souligne que son image est souvent péjorative par rapport à un secteur public qui offre la stabilité financière. Selon lui, les entreprises devront se poser des questions par rapport à ceci, indiquant que le secteur public doit devenir concurrentiel pour attirer les meilleures ressources humaines.
Concernant la réforme du dispositif de la formation professionnelle, un plan d’action est en cours de préparation pour améliorer la formation sur le plan structurel. A noter que l’ATFP compte actuellement 7.800 agents, un nombre qui dépassera les 8.000 en fin 2012. Elle compte 135 centres dans tout le territoire, mais aucune représentation au niveau régional. Pour cette année, on lui a alloué un budget de 205 millions de dinars, dont 170 millions de dinars comme budget de fonctionnement.
Réforme administrative…
Mais pour le formateur Moustapha Lakhal, la réforme pédagogique ne pourra être efficace qu’en passant tout d’abord par la réforme administrative. Lui-même, qui a été le parrain, avec d’autres collègues, d’une initiative pour lutter contre la corruption à l’ATFP. Ils ont déjà envoyé une pétition contenant 1.300 signatures au ministre de la Formation professionnelle et de l’Emploi, datant du 23 avril 2011. Cinq revendications figurent dans cette pétition.
La première concerne la restructuration de l’agence par la révision de l’organisation actuelle des services centraux, l’organisation des centres de formation professionnelle, la révision de la relation entre l’administration centrale et ses filiales et la révision de la relation avec l’autorité de tutelle.
La deuxième revendication concerne la lutte contre corruption financière et administrative dans l’agence, vue la mauvaise gestion qui était monnaie courante au sein de l’agence pendant des années, et réclame la mise en place de commissions d’enquête ou d’audit.
La troisième revendication vise à ouvrir le dossier de la coopération internationale, surtout dans son aspect financier. Les employés de l’agence dénoncent des malversations et une mauvaise gestion des ressources.
On appelle également à la révision des méthodes d’organisation de la formation dans les centres, surtout au niveau de l’approche par compétences, la formation par alternance ainsi que les différentes conventions signées avec les représentants des secteurs d’activités. Le fait est que certains projets ont échoué, essentiellement ceux financés par l’Agence française de développement (AFD). Il s’agit aussi de réviser le programme de qualité au niveau de l’administration centrale et des centres de formation.
Mécanismes de lutte…
Nombre de revendications n’ont pas encore abouti à la mise en place d’un plan d’action efficace, selon M. Lakhal. La priorité doit être accordée, selon lui, au dossier de la corruption administrative. «Les mêmes personnes font la gestion de l’agence, aucun dossier n’a été ouvert. On a, donc, décidé de revoir nos méthodes et de continuer notre combat sous d’autres cadres, que ce soit associatif ou médiatique ou dans le cadre de la Constituante », précise-t-il.
Il affirme que c’est un travail de longue haleine, qui dépasse les capacités du gouvernement actuel. «Mais le plus urgent devrait être de mettre en place des mécanismes de lutte. L’agence est un organisme hors contrôle. Ce qui fait que la mauvaise gestion est bien implémentée. Ce n’est pas une exception, ceci a touché tous les secteurs».
En ce qui concerne la réforme pédagogique, il estime qu’elle va suivre, indiquant qu’il n’est pas possible de faire de grandes réformes pédagogiques dans cette période transitoire.
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