Par un hasard conjoncturel, je me suis trouvée en moins de quinze jours être
passée de Doha où se cache notre cigale et à Bamako, capitale du Mali où un de
nos compatriotes est allé faire l’idiot qui risque de lui coûter la vie.
Pour ceux qui ne connaissent pas les deux capitales et leur population mais
aussi pour les autres, j’ai trouvé beaucoup de ressemblances et des
dissemblances également entre ces 2 capitales:
– D’abord Bamako est la capitale d’un des pays les plus pauvres du monde, et
cela se voit, et Doha capitale d’un pays riche et cela vous éclate à la figure.
Ainsi, déjà à Doha, l’argent ruisselle partout et quand vous atterrissez le
soir, la ville est plus éclairée que le jour alors que Bamako de nuit semble se
cacher dans le noir et encore heureux que la piste d’atterrissage soit éclairée.
– A Doha, quand vous atterrissez, oubliez le mot sourire -je n’ai jamais vu
quelqu’un sourire si ce n’est le sourire forcé des hôtesses Singapouriennes de
la Qatari Airlines-, aussi bien à l’arrivée tardive qu’à la réception des
bagages que lorsque vous quittez l’aéroport et autre curiosité, il n’y a aucun
autochtone ou presque, et tout est sur-organisé, clean et propre; alors qu’à
Bamako, vous êtes reçu avec le sourire d’une police et d’une douane quelque peu
désorganisées mais très aimable, et vous êtes assailli par une meute
d’autochtones quand vous quittez l’aéroport qui est actuellement en cours
d’extension …
– Les taxis de Bamako sont d’un autre âge et ceux de Doha flambants neufs, la
grande différence est que le chauffeur est toujours malien et essaie de nouer la
conversation pour vous proposer un service alors qu’à Doha le chauffeur indou ou
afghan ne vous adresse pratiquement jamais la parole, en général ils ne parlent
que leur langue natale et quelques noms d’hôtels.
– A Bamako, il y a une majorité d’indigènes et très peu d’étrangers alors qu’à
Doha c’est le contraire, croiser un Qatari relève du miracle.
– A Bamako, tout respire la saleté et la pauvreté, les égouts sont à ciel ouvert
et les mendiants sont partout, à Doha tout est clean, on se croirait à Genève
les Suisses en moins!
– A Bamako, on distingue les gens par leurs ethnies, à Doha par leur poste et
leur emploi, et c’est très structuré: de bas en haut, on trouve le Pakistanais
et l’Indou sur le chantier, le Philippin ou l’Indien dans les hôtels, le cadre
est Maghrébin, le wakil Qatari, et le GI ivre le samedi soir Américain!
– A Bamako, les nuits sont agréables et on oublie la misère ambiante, à Doha les
nuits sont tristes et le dieu dollar y règne!
– Etc.
Pour conclure, la révolution tunisienne a surpris aussi bien à Doha qu’à Bamako,
et ce qui a impressionné le commun des Maliens, c’est tout cet argent dans les
murs du palais; et enfin, malgré tout, Bamako que traverse paresseusement le
fleuve NIGER est nettement plus agréable que cette capitale ennuyeuse et triste
venue de nulle part où les tours poussent comme des champignons…