François Hollande à l’offensive contre la finance, “adversaire” sans visage

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çois Hollande en meeting au Bourget, le 22 janvier 2012 (Photo : Fred Dufour)

[22/01/2012 18:21:53] LE BOURGET (AFP) Pour sortir d’une crise économique qui “déstabilise les Etats”, François Hollande a promis s’il est élu le 6 mai de combattre “sans faiblesse” un “monde de la finance” érigé en “adversaire”, de s’attaquer aux “privilèges” fiscaux et de relancer l’idée européenne.

“Il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu et pourtant il gouverne: cet adversaire, c’est le monde de la finance”, a proclamé le candidat socialiste devant des milliers de sympathisants chauffés à blanc dans l’arène du Bourget (Seine-Saint-Denis).

François Hollande, qui devait s’en tenir à quelques idées générales, a multiplié les propositions précises avec des accents qui n’étaient pas sans rappeler les 110 propositions d’un autre candidat socialiste. En 1981 déjà, François Mitterrand promettait de protéger le franc “contre les manoeuvres spéculatives”. Il ne manque plus désormais que le chiffrage de son programme présidentiel, promis pour jeudi.

Dans un discours résolument ancré à gauche, François Hollande a fustigé cette “finance qui a pris le contrôle de l’économie, de la société et même de nos vies”, cette “emprise qui est devenue un empire” et “s’est affranchie de toute règle”.

Eriger la finance en adversaire, “c’est aussi idiot que dire je suis contre la pluie”, a réagi le ministre de l’Economie François Baroin au “Grand Jury” RTL/LeFigaro/LCI.

Sur le fond, le candidat du PS a largement repris à son compte pour se l’approprier le projet économique de son parti, présenté en avril et qui portait la marque de Martine Aubry.

Une mesure aura valeur de symbole: le vote d’une loi sur la séparation des activités de crédit et spéculatives des banques dès les premiers mois de son mandat s’il est élu.

Les banques françaises seront également bannies des paradis fiscaux tandis que les “produits financiers toxiques” seront “purement et simplement interdits” et que les “stock-options, sauf pour les entreprises naissantes, seront supprimées et les bonus encadrés”, a-t-il prévenu.

François Hollande a également promis une “véritable” taxe sur les transactions financières tout comme il a appelé à la création d’une “agence publique de notation” européenne.

Un pas tout de même en direction des marchés financiers pour les rassurer sans doute quand il a affirmé que “les disciplines sont nécessaires” et que les engagements de désendettement “devront être pris et respectés” tandis que ne sera “redistribué que ce que nous aurons créé”.

Pour vaincre les résistances de ses partenaires européens, François Hollande a proposé de les enrôler dans un “pacte de responsabilité, de gouvernance et de croissance”, de renégocier l’accord européen du 9 décembre pour engager une “coordination des politiques économiques” ainsi qu’une Banque centrale européenne qui serait “au service de la lutte contre la spéculation”.

Les euro-obligations, une taxation écologique des produits importés aux frontières de l’Europe et un nouveau traité franco-allemand en janvier 2013, 50 ans après le traité de l’Elysée signé par Adenauer et de Gaulle, compléteraient ce vaste tableau.

Pour réindustrialiser la France, François Hollande veut une banque publique d’investissement.

Quant à la réforme fiscale qui est au coeur de son projet, elle compterait deux mesures phare, la fusion réaffirmée de l’impôt sur le revenu et de la CSG ainsi qu’une tranche supérieure portée à 45% pour ceux qui gagnent plus de 150.000 euros par an.

“La démocratie sera plus forte que les marchés, plus forte que l’argent”, a encore lancé le candidat socialiste sous une tonnerre d’applaudissements.