Concours de circonstances ou hasard du calendrier, les trois principaux
partenaires commerciaux de la
Tunisie, France, Italie et Allemagne, ont
tendance, ces jours-ci, à rivaliser de générosité pour plaire à la Tunisie
post-révolution. En l’espace de quinze jours, les trois ministres des Affaires
étrangères de ces pays ont été dépêchés, à Tunis, pour annoncer moult aides
significatives avec d’importants éléments dons.
La palme d’or revient incontestablement à l’Allemagne, 3ème partenaire
commercial de la Tunisie, qui a décidé d’annuler, purement et simplement, la
dette tunisienne, estimée à 60 millions d’euros (environ 120 millions de dinars)
et de la convertir en investissement. Cette décision annoncée à l’occasion de la
visite, le 9 janvier, en Tunisie du ministre allemand des Affaires étrangères,
Guido Westerwelle, signifie, concrètement, que Tunis n’aura pas à rembourser ce
montant à Berlin, mais à l’investir dans des projets viables. L’Allemagne est
ainsi le premier pays à annuler la dette tunisienne en cette période de
transition démocratique fort difficile.
Mieux, l’Allemagne fournira, en plus de sa contribution au taux de 25% aux fonds
européens affectés à la Tunisie, une aide de 30 millions d’euros destinés à
cofinancer des projets dans les domaines socio-économiques et culturels.
Selon Horst-Wolfram Kerll, ambassadeur d’Allemagne à Tunis, ce montant pourrait
être augmenté, ultérieurement, dans le cadre de la coopération décentralisée.
Autre geste qualitatif à l’actif de Berlin, l’Allemagne, qui était assez
réservée, avant le 14 janvier, quant à l’octroi d’un Statut avancé à la Tunisie
en raison de la violation systématique des Droits de l’Homme, du temps de Ben
Ali, s’est engagée à se battre pour lui accorder, dans les meilleurs délais, un
statut de partenaire «privilégié» et «exceptionnel» avec l’Union européenne.
Vient ensuite l’Italie. Giulio Terzi Sant’Agata, chef de la diplomatie
italienne, a annoncé, le 6 janvier 2012, que son pays a décidé de renforcer son
rang de 2ème partenaire commercial de la Tunisie, de restructurer son
partenariat avec notre pays en accompagnant, dorénavant, les échanges
commerciaux par un véritable partenariat industriel.
Au plan financier, selon son ambassadeur à Tunis, Pietro Bernassi, l’Italie
apporte deux aides. La première consiste en une ligne de crédit de 73 millions
d’euros en faveur des
PMI/PME tunisiennes. Cette facilité, dont l’objectif
majeur est de créer des emplois, a été accordée à des conditions
concessionnelles. Elle comporte un élément don de 80% (taux d’intérêt annuel de
0% pour une période de remboursement de 40 ans dont 31 ans de délai de grâce) et
apporte une nouvelle composante: la ligne pourrait être utilisée pour le
rééchelonnement des créances bancaires des entreprises privées. La deuxième,
d’un montant de 93 millions d’euros, est destinée à alléger les charges de la
balance des paiements. Ce montant servira en partie à financer l’importation
d’équipements hospitaliers et à améliorer les conditions de travail dans les
hôpitaux.
La France, 1er partenaire commercial de la Tunisie, a décidé, pour sa part, par
la voix de son ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, de mériter
dorénavant son statut de premier partenaire commercial de la Tunisie et annoncé,
le 10 janvier 2012, dans le sillage de cet élan de générosité, l’octroi d’un don
de 750.000 euros (près de 1,5 million de dinars tunisiens) accordé par l’Agence
française de développement (AFD) au Pôle de compétitivité de Sousse, spécialisé
dans les industries mécaniques électriques et électroniques (IMEE), aujourd’hui,
premier secteur d’exportation de la Tunisie.
La subvention française, qui a fait l’objet d’un accord cosigné par
l’ambassadeur de France à Tunis, Boris Boillon, va contribuer à l’amélioration
de la compétitivité internationale de ce secteur à travers la promotion des
activités à haute valeur ajoutée.
Néanmoins, cette générosité des trois premiers partenaires commerciaux de la
Tunisie n’a pas été, hélas, reflétée par une forte présence de leur part aux
festivités marquant la célébration du premier anniversaire de la révolution. Ils
ont même brillé par leur absence. Interpellé sur cette question, un diplomate
britannique, qui a voulu garder l’anonymat, a déclaré que c’est la Troïka
tunisienne qui n’a pas jugé utile d’inviter des personnalités européennes de
haut rang à ses festivités. Sans commentaire.