à Dubaï |
[23/01/2012 06:08:16] NEW YORK (AFP) Les deux co-PDG de Research in Motion, pionnier canadien déchu des téléphones multifonctions avec le BlackBerry, ont annoncé dimanche qu’ils cédaient la main, comme le demandaient des investisseurs depuis de longs mois, sans toutefois s’effacer totalement.
Jim Balsillie et Mike Lazaridis, tous deux âgés de 50 ans, démissionnent de leur fonctions avec effet immédiat. Ils sont remplacés au poste de directeur général par Thorsten Heins, 54 ans, qui était depuis août 2011 un des deux directeurs d’exploitation de l’entreprise de Waterloo (Ontario, sud-est du Canada). Il avait travaillé au conglomérat allemand Siemens avant de rejoindre RIM en décembre 2007.
“Dans toute réussite d’entreprise développée par les fondateurs, il vient un moment où on entre dans une nouvelle phase de croissance et où il est temps que les fondateurs passent le relais à une nouvelle direction”, a déclaré M. Lazaridis, cité dans un communiqué.
La présidence du conseil d’administration est assumée par Barbara Stymiest, 55 ans, administratrice depuis 2007, qui a notamment présidé le groupe TSX, propriétaire de la Bourse de Toronto, et a occupé de hautes fonctions à la Banque Royale du Canada.
à San Francisco (Photo : Justin Sullivan) |
Ce remaniement intervient après une série de revers pour le fabricant du BlackBerry, avec notamment une méga-panne, un retard du lancement du BlackBerry 10, et l’échec commercial de la tablette PlayBook.
Il ne s’agit pas cependant d’un divorce total: Mike Lazaridis devient vice-président du conseil d’administration du groupe de Waterloo (Ontario, sud-est du Canada).
“Il travaillera en étroite collaboration avec M. Heins pour offrir des conseils stratégiques, assurer une transition en douceur et continuer à promouvoir la marque BlackBerry dans le monde”, a précisé l’entreprise. M. Balsillie quant à lui devient simple administrateur.
RIM a perdu quelque 73% de sa valeur à la Bourse de New York depuis un an, mais M. Balsillie a assuré au Wall Street Journal que “ce n’est pas en réaction à cela” que la décision de se retirer avait été prise.
Avant la publication des derniers résultats trimestriels de RIM à la mi-décembre, le fonds d’investissement Jaguar, qui dit représenter avec des actionnaires alliés “un peu moins de 10%” du capital de RIM, avait critiqué la direction bicéphale de RIM et appelé à son remplacement, voire à l’enclenchement d’un processus de vente.
“Il n’y a pas d’intention de mettre l’entreprise en vente”, a assuré une source du Wall Street Journal dimanche soir.
Cité dans le communiqué, M. Heins a estimé que RIM avait des atouts à jouer. “Nous avons un bilan solide avec environ 1,5 milliard de dollars de liquidités à la fin du dernier trimestre et une dette négligeable”, a-t-il souligné.
“Nous avons publié un chiffre d’affaires de 5,2 milliards de dollars lors du dernier trimestre, en hausse de 24% sur le trimestre précédent (ndlr: mais en baisse de 6% sur an), et une augmentation de 35% sur un an de la base d’abonnés au BlackBerry, qui dépasse désormais 75 millions”.
Il a négligé de rappeler que le bénéfice du troisième trimestre avait fondu de 71% en un an. Pour l’ensemble de 2011, les analystes tablent en moyenne sur un chiffre d’affaires en baisse de 17,5% à 4,58 milliards de dollars, et un bénéfice courant réduit de moitié.
Mais M. Heins a salué le bon accueil réservé au nouveau système d’exploitation BlackBerry 7, et évoqué l’intérêt “encourageant” suscité par les nouvelles déclinaisons pour tablettes et téléphones, PlayBook 2.0 et BlackBerry 10, lors du salon mondial de l’électronique (CES) au début du mois.
De son côté M. Lazardis a indiqué qu’il allait renforcer encore son investissement financier dans le groupe. “J’ai tellement confiance dans l’avenir de RIM que j’ai l’intention d’acheter pour 50 millions de dollars supplémentaires d’actions du groupe, si possible, sur le marché ouvert”, a-t-il dit.